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Des milliers de manifestations contre les autorités, le ministère des Affaires étrangères pris d’assaut

Quartier à Beyrouth, près du site de l’explosion – Lamaa / Nouvelles Magnus / SIPA

Après les larmes colèreDes milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues de Beyrouth partiellement détruite pour exprimer leur colère contre la classe politique présumée responsable des attentats à la bombe.
158 morts et plus de 6000 blessés, selon un nouveau message du ministère de la Santé.

Certains, dirigés par des officiers à la retraite, ont pris d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant «quartier général de la révolution». Cette décision, diffusée en direct à la télévision, a été déclenchée par les forces de sécurité qui ont remarqué un rassemblement de milliers de manifestants dans le centre-ville.

Sur la place des Martyrs, épicentre traditionnel de la manifestation, vers laquelle les manifestants ont convergé sous le slogan «Doomsday», des guillotines en bois ont été installées, les manifestants ont brandi des cordes, leur nœud coulant s’est terminé. Hashtag # Postez-les pendant quelques jours sur les réseaux sociaux.

« Vengeance, vengeance avant la chute du régime »

Pour les Libanais, déjà touchés par une crise économique sans précédent, l’explosion de mardi a été un trop grand désastre, renouvelant un mouvement de protestation qui avait commencé en octobre pour dénoncer toute une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente mais à bout de souffle face à la pandémie de Covid-19.

«Vengeance, vengeance avant la chute du régime», scandaient les manifestants, certains portant des masques, d’autres tenant des drapeaux ou des portraits des victimes de l’explosion, alors que les forces de sécurité tentaient d’empêcher certains groupes d’avancer vers le Parlement. Dans les rues entourant le rassemblement en grande partie pacifique malgré la tension, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et, lors d’affrontements limités, ils ont rencontré des manifestants qui leur ont jeté des pierres.

« Le changement doit être à la mesure de l’ampleur de la catastrophe »

«Après trois jours de déblaiement des décombres et de guérison de nos blessures, il est temps de libérer notre colère et de les punir pour avoir tué des gens», a déclaré Fares al-Hablabi, 28 ans. «Nous devons affronter l’ensemble du système (…) les changements doivent être à la mesure de l’ampleur de la catastrophe», ajoute l’activiste, descendu dans la rue au début du soulèvement populaire du 17 octobre 2019.

Beyrouth se réveille pour le quatrième jour consécutif au son du verre brisé ramassé dans la rue par une armée de volontaires. L’explosion du port de mardi, dont les circonstances ne sont toujours pas claires, aurait été causée par un incendie qui aurait affecté un énorme gisement de nitrate d’ammonium, un produit chimique dangereux.

21 disparus

La catastrophe a tué au moins 158 personnes et en a blessé plus de 6 000, dont au moins 120 sont dans un état critique, selon le dernier rapport du ministère libanais de la Santé, et près de 300 000 personnes se sont retrouvées sans abri. Le ministère a réduit le nombre de personnes disparues, indiquant qu’il y a maintenant 21 personnes, tandis que déjà mentionné plusieurs dizaines,

L’ambassade syrienne a déclaré que 43 citoyens syriens figuraient parmi les morts. De leur côté, les Pays-Bas ont déclaré que l’épouse de l’ambassadeur des Pays-Bas au Liban, Jan Waltmans, était décédée des suites de ses blessures.

Trois membres du parti Kataëb (opposition), un parti chrétien historique, ont démissionné samedi, affirmant qu’il était temps de construire un «nouveau Liban». L’explosion a tué le secrétaire général de cette entité chrétienne historique.

« Pris en otage »

Deux jours après la visite du président français Emmanuel Macron, une visioconférence de donateurs en faveur du Liban, co-organisée par l’ONU et la France, aura lieu dimanche. Le Liban est en proie à l’effondrement économique en raison du défaut de paiement de sa dette, et ses dirigeants n’ont pas été en mesure de négocier une aide financière du Fonds monétaire international (FMI).

«Nous n’en pouvons plus. Nous sommes pris en otage, nous ne pouvons pas quitter le pays, nous ne pouvons pas retirer de l’argent des banques, les gens meurent de faim, plus de deux millions sont au chômage, et là, à cause de négligence et de corruption (…), Beyrouth a été complètement détruite », explique Medea Azuri. Manifestant de 46 ans.

Le président du Conseil européen Charles Michel, venu à Beyrouth pour manifester sa «solidarité» aux Européens «choqués et attristés», a assuré aux Libanais qu’ils n’étaient «pas seuls». L’Union européenne a déjà alloué 33 millions d’euros au Liban. Le chef de la Ligue des États arabes Ahmad Abul Gheit, le vice-président turc Fuat Oktay et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu se sont également rendus à Beyrouth.

Selon l’analyste Nasser Yassin de l’Institut Issam Fares, lorsque des responsables étrangers se relaient et que l’aide internationale se précipite, les dirigeants libanais sont détestés pour profiter de la situation. «On craint que les autorités ne profitent de cette catastrophe et de l’attention des Arabes et de la communauté internationale pour se remettre sur l’eau», a-t-il déclaré.

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Rolande Desroches

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