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A Imola, Julian Alaphilippe a fait le tour du monde

Cela remonte un peu, mais l’anecdote appartient désormais à la jeune mythologie du personnage. Sans doute parce que cela en dit long sur qui est le nouveau champion du monde de cyclisme et d’où il vient. A 11 ans, Julian Alaphilippe roulait sur son vélo Motobécane d’occasion (« Vraiment pourri », selon l’intéressé) de parcourir les 50 kilomètres séparant la maison familiale de celle de son oncle, à Saint-Amand-Montrond (Cher), le long d’une route nationale déconseillée même à un cycliste confirmé. Quand il a appelé sa mère pour lui raconter naïvement son aventure, le garçon a eu droit aux braillements de son enfance. Mais quoi qu’il en soit, ce jour-là, M. et Mme Alaphilippe ont découvert la rage qui animait leur fils, se confieraient plus tard ce dernier dans les premiers articles à son sujet.

Cette rage, le Français de 28 ans l’avait encore au fond de lui ce dimanche quand il se tenait sur les pédales et plaçait l’attaque décisive à 12 kilomètres de l’arrivée de ce championnat du monde tiré entre le circuit automobile. d’Imola et des vignobles d’Émilie-Romagne. Dans l’ascension finale de la côte Gallisterna (2,7 km à 6,4%), Alaphilippe jouait son jeu. Un regard de côté pour le Polonais Michal Kwiatkowski, alors en tête, et le voilà qui s’envole avec son style tout en se balançant, la langue pendante et la barbiche au vent. Dans ce registre, il est souvent irrésistible comme un puncheur naturel, jamais aussi fort que lorsque l’effort est bref et brûle tout le corps.

Onze kilomètres de souffrance

Malgré la douleur, malgré la peur d’être revu en finale comme à Bergen (Norvège) trois ans plus tôt, malgré la chasse royale lancée après lui avec quelques gros canons (Michal Kwiatkowski, Wout Van Aert, Marc Hirschi, Jakob Fuglsang et Primoz Roglic), Alaphilippe n’a jamais trébuché: ni dans les derniers faux plats, ni sur l’autodrome (du désert) Enzo et Dino Ferrari.

Onze kilomètres de souffrance (« Merde, c’était dur », à peine lâché sa moto dans un cri de cœur et de poumons) pour devenir le neuvième Français à revêtir le maillot arc-en-ciel et le premier depuis 1997. Un autre monde. Alaphilippe avait 5 ans et jouait principalement à la batterie de son père musicien (décédé le 29 juin); le règlement autorisait encore Laurent Brochard (membre de l’équipe sensuelle de Festina) à courir sans casque mais avec un bandana.

Vingt-quatre secondes derrière le nouveau champion du monde, Van Aert prend la deuxième place devant Hirschi, battu par plus fort que lui. « C’est juste dommage que Julian Alaphilippe ait eu de belles jambes et qu’il ait été le seul à pouvoir faire un écart en finale », soupira le Belge. À Innsbruck en 2018 ou à Leeds en 2019, Alaphilippe a également roulé avec le gros point rouge d’un homme à battre sur son maillot bleu. Un peu court en Autriche, au bord de l’hypothermie dans le Yorkshire, il se reprochait d’avoir été un leader défaillant pour une équipe française à son service. Alors avant la course, l’entraîneur Thomas Voeckler soulage la pression. « Contrairement à l’année dernière, Julian n’est pas notre seule chance de bien performer », continua-t-il, sans penser à un éventuel plan B.

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Raimunde Michaud

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