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Les patrons de Google, Twitter et Facebook font face au «coup d’État politique» du Sénat américain

Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg, plante verte et costume bleu marine; celui de Google, Sundar Pichai, plante verte et combinaison anthracite; et celui de Twitter, Jack Dorsey, costume noir et barbe fleurie. C’est un casting de premier plan qui s’est réuni le mercredi 28 octobre par visioconférence devant la commission spéciale du Sénat des États-Unis. Pendant quatre heures, ils devaient débattre d’éventuelles réformes de l’article 230: un texte de loi américain important qui encadre la responsabilité juridique, et le cadre dans lequel les réseaux sociaux fonctionnent dans le pays (en l’occurrence: Facebook, Twitter et Youtube).

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Malgré certaines tentatives du sénateur républicain du Nebraska Deb Fischer ou du sénateur républicain de Virginie-Occidentale Shelley Moore Capito pour débattre de la substance de cette loi centrale sur Internet, que certains sénateurs semblaient ignorer, l’audience a consisté principalement en une longue plainte.

D’une part, celle de l’élu républicain, qui a estimé, intervention après intervention, que Twitter, Facebook et Google «censurent» Donald Trump et plus généralement les conservateurs. De l’autre, des élus démocrates dénonçant une « Coup » le parti adverse, qui dispose d’une majorité au Sénat, de tordre le bras des réseaux sociaux une semaine avant l’élection présidentielle.

En gros, les deux parties ont largement conservé leurs positions habituelles, résumées en une phrase par Mark Zuckerberg: «Les démocrates nous accusent de ne pas assez modérer, les républicains de trop modérer.  » Plusieurs sénateurs ont cité des exemples de messages modérés qu’ils croyaient être à tort – y compris un Tweet de Donald Trump dont la diffusion avait été restreinte par Twitter.

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Soutien parfois inattendu des démocrates

Particulièrement visé par des accusations de parti pris anti-conservateur, Jack Dorsey est apparu à plusieurs reprises en difficulté, luttant notamment pour expliquer les choix de modération de son réseau social à propos d’un article dans le New York Post sur le fils de Joe Biden, sur la base de documents d’origine très douteuse, et à propos de qui Twitter a à plusieurs reprises changé de position.

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Par rapport à d’autres auditions, les PDG des grands réseaux sociaux ont cependant trouvé un soutien, parfois inattendu, chez les démocrates. Habituellement très agressifs sur les questions de respect de la vie privée ou de modération des appels à la haine, plusieurs élus démocrates ont adopté une position de principe contre une audience « Qui a lieu littéralement à quelques jours d’une élection présidentielle et dont le but semble être d’intimider les réseaux sociaux pour favoriser Donald Trump », tel que résumé par le sénateur Richard Blumenthal du Connecticut.

« Le pire, c’est que ce coup d’État des républicains a réussi, a déclaré son homologue hawaïen Brian Schatz. Vous avez surcompensé et embauché des conservateurs, accordé des exemptions spéciales aux voix de droite. «  » Le contenu haineux est un vrai problème; un prétendu biais anti-conservateur n’est pas », a ajouté le sénateur du Massachusetts Ed Markley.

Sundar Pichai, 28 octobre, par visioconférence devant le comité du Sénat américain.

Face à une avalanche d’accusations, très générales ou très spécifiques, posées ou exubérantes, les trois PDG ont adopté des attitudes différentes. Jack Dorsey, visiblement mal préparé – il a notamment contredit la position officielle de son entreprise sur le contenu négationniste – souvent répondu en monosyllabes. Mark Zuckerberg, parfois évasif sur des questions de parti pris politique, a répondu spécifiquement sur les mesures prises avant l’élection présidentielle et le contenu qui serait interdit dans la période cruciale précédant les résultats définitifs. Sundar Pichai, moins directement impliqué par les sénateurs républicains, semblait le plus à l’aise dans l’exercice.

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Dans cette ambiance très particulière, le sénateur démocrate du Montana Jon Tester, très critique lors d’une précédente audition en 2018 Les pratiques de confidentialité de Facebook semblaient presque s’excuser auprès des trois patrons pour leur convocation mercredi. «Cette audience est un coup d’État politique. Je le sais, mes collègues le savent, tout le monde ici le sait (…). Et pourtant, il existe de très nombreux sujets sur lesquels nous avons des questions à vous poser: les atteintes à la vie privée ou la désinformation sur vos plateformes. J’espère que vous reviendrez l’année prochaine pour répondre à ces questions. « 

Lisez notre analyse: Aux États-Unis, la campagne présidentielle pousse les réseaux sociaux à un rôle d ‘«arbitre de la vérité»

François Faure

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