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Peut-on éviter une reconfiguration en France?

La France s’achemine-t-elle vers un reconditionnement général? – Jacquelyn Martin / AP / SIPA

  • L’Irlande et le Pays de Galles sont les premières nations européennes à avoir opté pour le reculage lundi.
  • La fin d’un tabou en Europe, alors que ces deux pays ont des chiffres de circulation du virus et de mortalité bien inférieurs à ceux de la France.
  • La question se pose inévitablement. La France, l’un des pays les plus touchés par la deuxième vague européenne de Covid-19, parviendra-t-elle à faire face sans une reconfiguration générale?

Ce lundi, Le Pays de Galles et l’Irlande ont chacun annoncé un recentrage, respectivement deux et six semaines, sauf pour les écoles. C’est la première fois depuis la première vague que les pays
d’Europe annoncer la détention. De l’autre côté de la Manche, la Slovénie, la France, certaines villes d’Allemagne et de Lombardie ont mis en place un couvre-feu ces deux dernières semaines. Il faut dire que les chiffres européens ne sont pas du tout bons: plus de 8 000 morts entre lundi 12 et lundi 19, un bilan hebdomadaire jamais vu sur le Vieux Continent depuis mi-mai.

Cette évaluation continentale préoccupe particulièrement la France, qui fait partie des pays les plus touchés par la deuxième vague. Le Pays de Galles et l’Irlande, par exemple, ont un taux d’incidence beaucoup plus faible que la France. La question se pose donc: la France peut-elle éviter reconfinement ? Déjà, la sémantique du gouvernement a évolué au fil des mois et des signaux de plus en plus négatifs de Santé publique France, passant d’un recentrage exclu des options en août et septembre avant d’être progressivement
brandi comme solution de dernier recours en octobre.

Courbe qui monte et virus qui nous échappe

Et en effet, il y a de quoi être pessimiste. Pour le spécialiste des maladies infectieuses Nathan Peiffer-Smadja, non seulement la situation est mauvaise – les lits de soins intensifs sont principalement occupés par des patients Covid-19, taux de positivité très élevé, hospitalisations massives ces derniers jours et semaines – mais surtout « cette situation évolue aussi dans le mauvais sens, sans pouvoir pour l’instant contenir et encore moins stopper la progression du virus ».

Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union française de médecine libre (UFML), pointe pour sa part particulièrement le taux de positivité au-dessus de 13%, « et bientôt à 14% ». Constatant sans appel pour lui: «Cela montre que le virus nous a échappé. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas retracer les canaux de transmission et il y a trop de clusters, en plus d’être répartis sur tout le territoire ». Le médecin se demande: qui aujourd’hui ne connaît pas un parent proche ou un proche au moins en contact?

Le faible espoir du couvre-feu

Le coronavirus prend environ deux à trois semaines pour montrer des symptômes et envoyer les malades hôpital, il faudra certainement attendre avant de voir si les nouvelles mesures françaises
couvre-feu, prise mercredi dernier et appliquée depuis vendredi, suffira.

On ne peut pas savoir pour le moment, « même si la littérature scientifique n’est pas très optimiste sur le sujet », prévient Nathan Peiffer-Smadja. Les clusters les plus répertoriés par Santé publique France – selon l’analyse d’un échantillon de cas totaux de Covid-19 en France – sont à l’école, en entreprise et à l’université, lieux peu touchés par le couvre-feu.

Peu de leviers avant l’accouchement

Dans le cas où ce couvre-feu ne fonctionne pas, « il ne reste plus beaucoup de leviers avant l’endiguement total », prévient Nathan Peiffer-Smadja: « Le levier » bars et restaurants « est pleinement activé, tout comme celui sur le respect des gestes barrières et prudence. A ce stade, soit les Français les appliquent déjà, soit les rappels du gouvernement ne changeront pas d’avis. « 

Il cite les rares leviers qu’il est encore possible de manœuvrer: masquer à l’école dès le primaire, l’enseignement à distance à l’école et à l’université, et obliger plutôt qu’inciter télétravail à moins qu’il ne soit impossible de le pratiquer. «Rien n’est écrit et il n’y a pas de guide de manœuvre officiel, mais si le couvre-feu ne suffit pas à contenir le virus, nous devrons prendre une mesure radicale pour contenir l’épidémie, nous ne laisserons pas les gens mourir dans la rue. « 

La peur de l’autocuiseur oriental

Une mesure «radicale», c’est ce qui faisait jusqu’à présent défaut à Jérôme Marty: «Quand on voit des pays avec beaucoup moins de cas que la France se reconfigurer déjà … Plus on attend, moins les mesures de non-endiguement ont de chances La France applique une politique de graduation – de nouvelles mesures sont appliquées chaque fois que la situation se détériore – mais comme il faut trois semaines pour voir les effets maladie, nous courons juste après elle. « 

Avec la multiplication des caisses, il craint un effet «autocuiseur» comme au Grand-Est lors de la première vague: «Les caisses montent, montent, puis un jour ça explose. C’est le scénario catastrophique que nous traversons, et il est difficile d’échapper à la reconduction dans ce cas. « 

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François Faure

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