Économie

L’épargne française bat tous les records en 2020

Enregistrement après enregistrement. Le livret A n’a jamais été aussi bien. Fin novembre, ses entrées nettes – ses dépôts moins ses retraits – atteignaient 27,2 milliards d’euros. C’est presque le double du montant (14 milliards) levé au cours des onze premiers mois de 2019. Rien qu’en novembre, l’investissement préféré des Français – 8 sur 10 en ont un – a enregistré une entrée nette de 2,4 milliards d’euros, selon dernières données de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). C’est exactement quatre fois plus que la récolte de novembre 2019 (610 millions).

130 milliards d’euros attendus fin 2020

Le Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS) est également complet depuis le début de l’année avec une collection de près de 8 milliards. Ensemble, ces deux comptes d’épargne ont drainé 35 milliards supplémentaires depuis le début de l’année (pour un encours total de 446 milliards), selon la CDC. Et si l’on inclut le montant des dépôts à vue dans les comptes courants des Français cette année, près de 50 milliards d’euros, on approche les 100 milliards d’épargne fin novembre.

Rien ne semble pouvoir arrêter les Français dans leur élan. Selon les dernières estimations de la Banque de France, l’épargne totale pourrait même atteindre, fin 2020, le chiffre record de 130 milliards d’euros. Ou bien plus que le plan de relance du gouvernement! Et les Français devraient à nouveau mettre de côté 70 milliards de dollars supplémentaires l’année prochaine, selon l’institution. En deux ans, 200 milliards d’euros ne pourront donc être ni consommés ni injectés dans l’économie.

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Une «collection abracadabrantesque»

«Cette collection absurde marque la préférence absolue en matière de liquidité et de sécurité», commente Philippe Crevel, PDG du Cercle de l’épargne, dans sa dernière note d’information. Selon lui, le mois de novembre est marqué par «le retour de l’épargne« Covid »», sorte de mélange entre l’épargne forcée liée aux mesures de confinement décidées par l’État (fermeture de bars, restaurants, sites culturels) et l’épargne de précaution pour les ménages inquiets pour leur avenir (chômage, récession, etc.). Car «cette collection, insiste-t-il, est aussi le signe d’une forte anxiété. En mettant sciemment leur argent dans leurs comptes d’épargne, les ménages glissent et sécurisent une partie de leurs revenus, contrairement à ceux qui restent en comptes courants ».

Investissements refuge par excellence

Sur le papier, ce comportement est assez logique: le livret A et le LDDS sont liquides (des retraits sont possibles à tout moment) et exonérés d’impôts et de prélèvements obligatoires. Sauf que depuis février, leur rendement a été réduit à son plus bas, 0,5%, ce qui les prive de tout intérêt financier. Car si l’on prend en compte l’inflation, estimée à 0,5% cette année par la Banque de France, leur gain est de … 0. Sans être de bons investissements, ces livrets n’auront jamais été aussi bons portant leur nom de «valeur refuge». A la clé, la bonne conscience de participer, à travers eux, au financement de projets de logement social et de développement durable.

Quant au sort de ce bas de laine historique, il est impossible de le prévoir. Le gouvernement aimerait la voir réinjectée le moment venu dans «l’économie réelle» pour soutenir la croissance et la reprise du pays. Mais rien ne dit que les Français entendent son appel. D’autant que ces économies sont très inégalement réparties. Selon le Conseil d’analyse économique (CAE), 20% des Français les plus riches sont responsables de plus de 70% de cet excès d’épargne. Alors qu’à l’autre bout du spectre, les 20% des ménages les plus pauvres n’ont pas épargné mais ont au contraire dû s’endetter davantage pour faire face à la crise.

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Yseult Sauveterre

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