Actualité à la Une

Les experts dénoncent « l’incapacité d’anticiper et de gérer » la crise sanitaire

Emmanuel Macron s’exprimera ce mercredi 14 octobre à 20 heures sur TF1 et France 2 pour parler de la pandémie Covid-19. – AFP

  • En plus des commissions d’enquête de l’Assemblée nationale et du Sénat, Emmanuel Macron a nommé en juin une mission pour évaluer la gestion de la crise Covid-19.
  • Elle a fait un rapport d’étape ce mardi public avant les conclusions définitives en décembre.
  • Et le rapport pointe des déficits d’anticipation et de gestion de la crise sanitaire, même si globalement la France se trouve dans une situation intermédiaire par rapport aux autres pays occidentaux en termes de mortalité.

Analysez l’action publique de ces derniers mois pour en tirer des leçons pour plus tard. L’Assemblée nationale a publié son rapport sur la gestion de la crise début juin, Le Sénat devrait se prononcer en décembre. Plus
Emmanuel Macron avait également confié en juin à un groupe de cinq experts indépendants
une mission nationale pour évaluer la gestion de la crise Covid-19. Avant des conclusions plus fructueuses pour la fin de l’année, elle a dévoilé mardi un rapport d’étape plutôt critique.

Son originalité? Après avoir comparé la réponse française à celle d’autres pays occidentaux. Un document précieux pour mieux se préparer à d’autres catastrophes, qu’elles soient sanitaires ou non. Mais aussi pour tirer des leçons rapidement afin d’améliorer la gestion de la deuxième vague. Emmanuel Macron utilisera-t-il ces pistes de réflexion pour affiner ses annonces mercredi soir sur TF1 et France 2 ?

L’hôpital a bien géré la crise

Didier Pittet, Président de la Mission et épidémiologiste l’a répété mardi: « La Mission n’est pas là pour conseiller le Président au quotidien, mais pour évaluer la gestion des six premiers mois de la crise sanitaire par rapport à Cela s’est passé à l’étranger. »Et sans surprise, les conclusions de cette mission indépendante vont dans le même sens que les auditions à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Parmi les bons points attribués: l’hôpital a su faire face, rapidement et bien. Sachant que la première vague n’était pas la même, que ce soit en termes de chronologie, comme d’étendue, dans tous les pays occidentaux. Et en France, « le Covid-19 a indéniablement fait beaucoup de mal », rappelle l’épidémiologiste suisse au risque de bouleverser ceux qui continuent de penser que la maladie n’est pas si meurtrière. «Le système hospitalier a connu une grande adaptation en France, il a tenu, se félicite-t-il. Grâce notamment aux capacités accrues en réanimation, aux transferts de patients, collaborations entre le secteur public et privé, téléconsultations en ville… »

La France se trouve en position intermédiaire, entre les pays où l’épidémie a été limitée (Autriche et Allemagne), et les pays du Sud très endeuillés par la crise (Espagne et Italie). Avec, en toile de fond, les exemples des États-Unis, du Royaume-Uni et
de la Suède, qui ont, au moins pendant un certain temps, refusé la détention. Ainsi, la France a connu un excédent de mortalité pour 100 000 habitants de 3,97 alors que l’Allemagne n’était que de 0,84 et la Suède de 8,25. Pour mesurer l’efficacité de la réponse politique, cette équipe d’experts s’est appuyée sur le nombre de jours pendant lesquels plus d’un patient Covid est décédé par million d’habitants. L’Allemagne a dépassé ce seuil pendant 44 jours, la France 68 et l’Espagne 100. Mais les experts préviennent: la deuxième vague risque de secouer davantage nos hôpitaux. « L’effort considérable d’adaptation et de mobilisation » fourni par les professionnels de santé « n’est pas forcément facilement renouvelable dans les mois à venir », prévient le rapport.

Deuxième satisfaction: «le Conseil scientifique a été et reste utile», fait valoir Didier Pittet. De nombreux organismes publics ont publié des recommandations parfois rapidement, parfois plus lentement, mais il est important de disposer de scientifiques détachés ». En revanche, la Mission s’est permis quelques suggestions: diversifier les profils, « la société civile n’est pas représentée », regrette Didier Pittet. Un lead que le Président du Conseil Scientifique,
Jean-François Delfraissy appelle également à ses vœux. Et qui intéressera sûrement le pouvoir, alors que le Conseil scientifique est censé cesser ses travaux à la fin du mois.

«Anticipation et échecs de gestion»

Mais le rapport critique également la gestion de la crise. Surtout sur l’action des autorités sanitaires et de l’exécutif «Les premiers résultats de la Mission mettent en évidence des défauts manifestes d’anticipation, de préparation et de gestion», écrivent les rapporteurs en noir sur blanc. «On a vu la baisse progressive du niveau de priorité accordé à la prévention des pandémies entre 2010 et 2020, analyse Didier Pittet. Les capteurs de détection ont mal fonctionné et le coronavirus nous a dépassé. Au final, ce sont les cliniciens italiens qui ont permis à la France de prendre conscience de la réalité de l’épidémie. « 

Même si le blâme est partagé. «Ni l’OMS ni le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies n’ont reconnu que le scénario d’une pandémie était probable», poursuit-il. La France n’est pas le seul État dans ce cas, loin de là! « Sur le sujet particulièrement controversé des masques, le rapport pointe même » de graves insuffisances de gestion « . «  » La doctrine sur les masques a changé plusieurs fois entre 2010 et 2020, relève Didier Pittet. Mais en France, vous êtes les champions du monde de la production de masques en tissu, aucun pays ne l’a fait si vite et aux normes Afnor en plus! « 

Néanmoins, ces experts recommandent de travailler sur les faiblesses structurelles: gestion de crise frappée par un manque de dialogue entre les ministères, une «organisation complexe des relations entre le ministère gérée par
Olivier Véran et les agences et organismes qui l’entourent, une difficulté d’articulation entre les agences régionales de santé (ARS) et les préfectures »… Des conclusions qui pourraient alimenter le futur débat sur le Ségur de santé publique, attendu à l’automne. Car tous les rapports vont dans le même sens: la France a payé son déficit de santé publique. En effet, notre système de santé très curatif ne prête pas suffisamment attention à la prévention. «Ces problèmes découlent de notre approche très hospitalière», ajoute Raoul Briet, président de la première chambre de la Cour des comptes et corapporteur.

La communication, un axe essentiel

Troisième point important, que le président devrait examiner attentivement avant son intervention de mercredi: la communication a échoué. «La communication a pris une importance unique par rapport aux épidémies du passé», note Anne-Marie Moulin, médecin, philosophe et membre de la Mission. Cela fait partie de la réponse et pas seulement d’une annexe. « 

« La confiance des Français a été très ébranlée par l’histoire des décisions sur les masques et les tests », soupire Didier Pittet. C’est pourquoi, à ce stade de leurs investigations et alors que la France fait face à une deuxième vague, la Mission exhorte le gouvernement, entre autres, à «transformer la communication», «mieux asseoir la légitimité des décisions en matière de santé», «organiser le partage de l’information entre l’ARS et les établissements de santé »…

«Entre le début de la crise et aujourd’hui, il y a eu des améliorations indéniables en matière de communication», poursuit le président de la Mission. Les commissions dans d’autres pays sont également très critiques. Nous devons rester humbles et nous rappeler que nous apprenons tous. »Et son collègue Pierre Parneix, docteur en santé publique du CHU de Bordeaux, a ajouté: «L’objectif n’est pas de pointer du doigt une telle organisation, mais de faire autrement à l’avenir pour être plus efficace. « Mais la France aura-t-elle la capacité
améliorer ce qui existe déjà pour mieux gérer la deuxième vague?

READ  30 Meilleur test Gestion De Patrimoine en 2022: après avoir recherché des options

Alveré Paquet

"Fier zombieaholic. Communicateur amateur. Gamer. Troublemaker. Amateur de musique indépendant."

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Fermer
Fermer