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Attention, cette infographie relativisant la mortalité du Covid-19 est fausse

Santé

MINORÉ – L’impact de Covid-19 sur la mortalité est régulièrement nié par les internautes, qui n’hésitent pas à partager de fausses infographies pour étayer leur argument. L’un d’eux, très relayé, établit une série de comparaisons trompeuses, avec le cancer ou le sida notamment.

Le Covid-19 est-il fondamentalement relativement inoffensif? Les internautes l’affirment, et n’hésitent pas à le prouver en relayant des infographies avec des conclusions finales. L’un d’eux, relayé plusieurs milliers de fois, prend la forme d’un graphique à barres comparant différentes causes de décès. L’alcool, le sida, le paludisme et le cancer sont représentés, les chiffres associés correspondant au nombre de décès. Covid-19 est également illustré, mais semble minuscule en comparaison.

Un personnage de dessin animé pointe cette cause de décès, apparaissant beaucoup moins que les autres et se lance « Oh mon Dieu! Alerte générale! Arrêtez le monde entier! Nous allons tous mourir !! » Une manière de dénoncer avec ironie l’inquiétude des pouvoirs publics face à un virus qui serait en réalité bien moins dangereux que les accidents de la route ou encore le tabac. Des comparaisons pour le moins trompeuses, qui sont basées sur des chiffres non fournis.

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Une mortalité fortement réduite

D’emblée, il semble compliqué d’analyser la véracité de cette infographie. En effet, aucune légende ne permet de déterminer sur quelle échelle spatio-temporelle reposent les chiffres avancés. Ces données sont-elles à l’échelle française? Probablement pas, étant donné la présence du paludisme comme cause de décès. Est-ce à l’échelle européenne, mondiale? De plus, rien ne permet de déterminer la période couverte par les chiffres. Il pourrait donc s’agir autant de statistiques mensuelles qu’annuelles.

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Après quelques recherches, il est possible de retracer l’origine de cette infographie. Il se trouve dans sa version anglaise de base, publiée en avril. La légende indique alors que les chiffres correspondent à la mortalité enregistrée dans le monde pour les seuls mois de janvier et février 2020.

Cette version originale montre qu’il est inutile de s’appuyer sur les chiffres présentés ici, ceux-ci se référant à une période pendant laquelle le virus était presque totalement confiné à la Chine.

Des échelles totalement trompeuses aujourd’hui

Si l’on comprend que les données représentées ici ne correspondent pas du tout aux résultats observés au stade actuel de l’épidémie, est-il néanmoins légitime d’affirmer que Covid-19 est beaucoup moins mortel que les autres causes énumérées ici? ? Au niveau de la France, pas du tout. En seulement 8 mois, le virus a causé la mort d’un peu moins de 35 000 personnes, soit 10 fois plus comme accidents de la route au cours des 12 mois de l’année écoulée.

Qu’en est-il des autres causes de décès? Selon les dernières données disponibles (datant de 2016), Le VIH a tué 303 personnes en France, soit plus de 100 fois moins que Covid-19 en 8 mois. Pour le tabac, nous avons estimations, qui s’attendent à environ 75 000 décès par an. En ce qui concerne l’alcool, analyses fourni par Santé publique France rapporte 41 000 décès par an. De plus, les comparaisons avec le paludisme, pour un pays comme la France, sont hors de propos: en effet, il s’agit d’une maladie très rare, dont les cas sont presque systématiquement importés. Le seul département où la maladie est endémique est la Guyane.

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Le dernier point de comparaison concerne le cancer, qui la mort de 157 000 personnes en France en 2018. Le bilan à fin 2020 pour Covid-19 pourrait s’avérer plus faible, mais l’écart sera bien moindre que l’infographie relayée en masse pourrait le suggérer ces derniers temps sur les réseaux sociaux.

En résumé, il convient donc de se méfier des parallèles tracés en ligne entre Covid-19 et les autres causes de décès. L’infographie qui se propage actuellement sur les réseaux sociaux est basée sur une version anglaise datant du printemps et dont les données ne couvraient que les mois de janvier et février. Toute utilisation dans le contexte actuel est logiquement trompeuse et source de confusion.

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Rolande Desroches

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