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Comme dans « Les aerostats » d’Amélie Nothomb, ces livres qui en ont fait des lecteurs

Malte Mueller via Getty Images

Qu’il s’agisse d’une initiative personnelle ou d’un choix forcé, la lecture d’un livre peut tout chambouler.

LIVRES – Le clic. Dans le cadre de la rentrée littéraire, Amelia Nothomb publie son vingt-neuvième roman aux éditions Albin Michel, ce jeudi 20 août. Aérostats et risque d’éveiller chez chaque lecteur le sentiment nostalgique du jour où tout a changé dans leur rapport à livres.

Son histoire est celle d’une jeune femme appelée Ange Daulnoy. Etudiante en philologie à Bruxelles, elle est engagée par un père de famille pour soigner la prétendue dyslexie de son fils, Pie. Passionné d’armes, il n’aime pas lire. Du moins jusqu’au jour où son tuteur lui conseille deIliade.

«C’est tellement génial», s’exclame-t-il. Enfin une histoire qui se donne de belles ressources. «C’est la révélation. Au cours d’une nuit, le jeune de 16 ans a dévoré le poème d’Homère. Il en redemande. Ca y est, il a le goût de la lecture.

Lire un livre peut être un travail difficile quand on est enfant. Les lectures obligatoires à l’école ne font rien. Celles qui nous sont offertes à Noël ou lors de nos anniversaires, non plus. Comme dans le cas du jeune héros d’Amélie Nothomb, il suffit parfois d’un livre pour que cela change. Adolescent ou enfant, de nos jours les lecteurs adultes nous livrent le roman qui a tout changé en eux.

l’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera

Emery a longtemps détesté lire. «Je lis beaucoup, surtout à l’école, aux parents et à l’éducation que j’ai reçue», se souvient-il. Mais ça m’a énervé. «La lecture était synonyme de contrainte.

Un soir d’été, dans le Gers, son frère lui a remis l’insoutenable légèreté de l’être par l’écrivain tchèque Milan Kundera. Il a 17 ans. «Plutôt que de regarder la télé, j’ai décidé de l’ouvrir», raconte ce dernier, aujourd’hui âgé de 50 ans. J’ai été pris, mais vraiment pris. Aussi bien par le ton, l’histoire, le rythme que ses trois personnages, caricaturés et ambivalents. « 

L’intrigue se déroule au moment du Printemps de Prague, en 1968, et met en scène trois héros, partagés entre légèreté, passion, libertinage. «C’était parfait pour l’adolescent que j’étais», dit-il.

Si parfait qu’il lit tout d’un coup. Pas une fois, mais deux fois dans la même nuit. «J’ai dû commencer vers 20 heures. J’ai fini la première lecture vers une heure du matin et j’ai recommencé, se souvient Emery. Depuis, il n’y a pas eu de lecture forcée. La bascule, elle est là. « 

Lettre d’amour de 0 à 10, Susie Morgenstern

Enfant, Judith était déjà «une grande romantique». La jeune femme de 34 ans qu’elle est se souvient aussi très tôt d’avoir été «ultra sensible». «Le monde me semblait violent», dit-elle. À la cantine, quand on m’a dit de finir mon assiette parce que les autres enfants du monde n’avaient rien à manger, j’ai trouvé ça horrible. Cette injustice m’a donné envie de pleurer. « 

Conséquence sine qua non, elle se sent en décalage avec les autres enfants. «J’avais l’impression d’être la seule à vivre des choses aussi intensément», explique-t-elle. Tout a changé le jour où elle a découvert la lecture, et surtout un livre: Lettre d’amour de 0 à 10 de Susie Morgenstern.

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L’école de loisirs

Adressé aux enfants de 7 à 8 ans, il raconte l’histoire d’un petit garçon orphelin de 10 ans, Ernest. Bon élève, beau, mais discret, il est aimé autour de lui, surtout par une jeune fille de sa classe.

Dans ce roman, comme dans ceux de Marie-Aude Murail, Judith trouve «comme une sorte de famille». «C’était comme si je découvrais que d’autres personnes vivaient les mêmes émotions, précise la jeune femme. Je me suis senti compris. « 

Claudine de Lyon, Marie-Christine Helgerson

Un non-sens, ça fait réfléchir. Sami, qui venait d’en commettre un ce jour-là, peut en témoigner. «Mon père en a eu assez, il m’a puni dans ma chambre. Il me dit alors de ne pas bouger de mon lit », se souvient le jeune homme de 28 ans. Lui, qui aimait jouer aux jeux vidéo, se retrouve en grande difficulté. Il regarde la commode et en sort un livre au hasard.

Il tombe sur Claudine de Lyon, un roman de Marie-Christine Helgerson sur une petite fille en mauvaise santé qui travaille toute la journée dans le métier à tisser de son père et dont le seul rêve est d’aller à l’école. «Je suis resté toute la journée au lit à le lire», se souvient Sami.

«Je me suis identifié à elle», dit-il. Elle vivait sa vie d’enfance. Cela ne s’est pas toujours bien passé. «À partir de ce moment, même les livres de 200 pages ne le découragèrent plus. «Tout vous semble possible une fois que vous avez le clic», assure l’ingénieur. Le livre ne l’a jamais quitté: «C’est le premier que je mets dans ma bibliothèque une fois que j’ai eu une maison.»

Mathilde, Roald Dahl

À l’école, Jean était en avance sur ses camarades de classe. L’enseignante conseille à sa mère de la diriger vers des livres moins illustrés. «Nous allons taper les livres de votre sœur», lui dit-elle. Au menu, Roald Dahl et son célèbre roman Mathilde.

Il aime l’histoire de cette petite fille au QI surdimensionné. Il se poursuit avec les autres histoires pour enfants de l’auteur. «C’est toujours une entreprise pour les enfants qui n’ont pas d’amis ou qui ont des difficultés d’une manière ou d’une autre», estime le cuisinier de 36 ans. Matilda, elle est incomprise. Charlie, il est pauvre. George Bouillon, il est tout seul. Quand vous êtes un enfant qui se sent un peu différent, cela vous parle.  »

Jean, qui est gay, savait très tôt qu’il y avait quelque chose de différent chez lui. «Ces lectures m’ont permis de comprendre qu’il était possible d’être différent, que ce n’était pas sérieux. Cela pourrait même être amusant et permettre, au final, que les méchants soient punis », dit-il.

Le petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

S’il y a un livre que l’on ne passe pas, c’est bien Le petit Prince. Il a bouleversé Patrick. A la fin de la lecture, faite en classe CE1 sous l’égide du professeur (sa mère), il fondit en larmes. Alors qu’il s’était identifié au garçon blond et chétif, il comprend que le héros est en train de mourir.

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«J’étais inconsolable», se souvient-il. Je n’ai pas accepté cela, contrairement aux autres étudiants indifférents. J’étais le seul. Peut-être étais-je plus sensible que les autres. « 

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Depuis, le livre, le premier à l’avoir confronté à la mort, ne l’a jamais quitté. Patrick, aujourd’hui âgé de 50 ans, a toujours la copie de ses 7 ans et la version racontée par Gérard Philippe. Pendant le verrouillage, le journaliste musical a écouté ce que DJ Pedro Winter en a fait. «Il ne cesse de me suivre», dit-il en riant.

Comme certains livres de Marguerite Duras, Le petit Prince est l’une de ses lectures récurrentes. Il le relit une fois par an. «C’est comme lorsque vous mangez quelque chose qui vous fait vous sentir bien», respire-t-il.

Les vacances du petit Nicolas, René Goscinny

Dan se souvient avoir passé ses vacances d’été devant la télé, à regarder Disney Channel. Pour ses parents, qui travaillaient dans la restauration, il n’était pas question de quitter la Réunion, où il a grandi, à cette période de l’année.

Fatiguée de voir son frère de 10 ans traîner devant l’écran toute la journée, sa sœur, son aînée de sept enfants, décide un jour de confisquer la télécommande. Elle l’oblige à lire un livre: Les vacances du petit Nicolas.

S’il n’était pas très réceptif à la lecture, le recueil de nouvelles écrites par René Goscinny est une «révélation» pour Dan. «Je parlais juste de ça. Cela m’a fasciné, se souvient-il. Moi qui ne suis pas parti en vacances, j’ai trouvé ça génial de découvrir qu’en France métropolitaine, certains enfants les passaient en colonies. « 

Il le lit en une fois, puis continue avec les deux autres livres que sa sœur avait à la maison. Elle lui achète plus. Adolescent, il découvre des histoires inédites du petit Nicolas. Sa passion lui donne le goût de la lecture. Mieux encore, elle lui fait aimer les cours de français, de littérature et de langues étrangères.

Il s’en est détaché depuis. « Les vacances du petit Nicolas n’ont pas de personnages racialisés, souligne Dan. C’est comme si [René Goscinny] avait capturé toute une catégorie de la population. Vous vous rendez compte que, même si c’était génial, cela vous vient à l’esprit quand vous êtes enfant que des gens comme vous n’existent pas. « 

Harry Potter à l’école des sorciers, JK Rowling

Pour de nombreux enfants nés dans les années 1990, Harry Potter était la porte d’entrée vers le monde merveilleux de la lecture. Alexandre, aujourd’hui âgé de 30 ans, en fait partie. «J’étais en vacances avec ma grand-mère en Gironde», se souvient-il. J’ai passé mes journées à regarder la télé, ça la désespérait. « 

Ni une ni deux, elle se rend à la librairie locale et demande à la vendeuse quelque chose pour intéresser un gamin de 9 ans. « Nous venons de recevoir un livre d’Angleterre, ça a été un succès là-bas », a répondu ce dernier. Le premier volume sous son bras, elle le ramène à la maison. «J’ai vu le cadeau, j’ai tiré sur le visage», se souvient Alexandre.

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Sa grand-mère a une idée. S’il lit les trois premiers chapitres, elle lui offre un paquet de bonbons. «Puisque j’aime les bonbons, je me dis que ça vaut le coup», rigole ce dernier. Mais maintenant, au lieu de s’arrêter aux trois premiers chapitres, il dévore le livre en 24 heures.

Comme beaucoup d’enfants, il s’en tient à l’histoire, à l’humour, aux personnages. C’est simple et amusant à lire. «C’est la première fois que j’ai ce sentiment en lisant de vouloir me plonger dans la suite à la fin d’un chapitre. Cela m’a fait prendre conscience de la lecture », conclut le passionné d’histoire.

La sorcière du placard avec le balai et d’autres contes, Pierre Gripari

Clémence se souvient avoir eu le goût de la lecture très tôt. Contes de la rue Broca par Pierre Gripari ont beaucoup à voir avec cela, en particulier celui de La sorcière du placard à balai.

Contrairement à Cruella d’Enfer, cette sorcière n’est pas terrifiante. Elle la fait rire. L’histoire de ce dernier, qui comme son nom l’indique vit dans le placard à balais d’une maison hantée, l’étonne. Elle est sympathique, grotesque. L’auteur neutralise sa capacité à être sombre ou effrayante, selon elle.

«Est-ce un événement fondateur? Je ne sais pas, se demande la jeune femme. Ce qui est certain, c’est que le livre a imprimé un rapport joyeux sur la lecture. La lecture n’est pas ennuyeuse. Cela a toujours travaillé mon imagination. « 

Aujourd’hui, elle aime toujours les sorcières, ces femmes libres et indépendantes. Mais ce qu’elle préfère, ce sont des histoires dystopiques, «des mondes imaginaires proches du nôtre où toutes nos peurs sont projetées», plaide la fan d’Ursula Le Guin. Un peu comme dans les histoires de Pierre Gripari, en gros.

Coule ou nage, Stephen King

Toute lecture obligatoire était niet. Rien n’y faisait, Sylvain n’aimait pas lire, ça l’ennuyait. Quand, dans la cour de l’école, il voit ses amis lire Stephen King, il y réfléchit et se rend à la librairie du village de ses parents pour en obtenir un: Coule ou nage.

Cité comme l’un des meilleurs livres pour adolescents publiés entre 1966 et 2000 par l’American Library Association, il raconte l’histoire troublante d’une longue marche au cours de laquelle une centaine de jeunes Américains périssent les uns après les autres.

J’ai lu

Seul dans sa chambre, Sylvain dévore le livre. Le passionné de jeux vidéo qu’il était à l’époque retrouve les mêmes sentiments d’évasion. «Il y avait aussi un petit côté interdit», dit-il. Je ne lisais pas un roman de Victor Hugo. « 

De là, il plonge dans la bibliographie de Stephen King. Misère, Simetierre, Il, … Rien ne lui échappe. Pas même aujourd’hui. Chaque été depuis qu’il est enfant, il en achète un, qu’il lit au même endroit, dans le jardin de la maison de ses grands-parents. «Sans ça, je ne me sens pas vraiment en vacances», a-t-il plaisanté. C’est ma Madeleine de Proust. « 

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Alveré Paquet

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