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La Suède et le Japon paient le prix de leur gestion spécifique du Covid

L’un des aspects les plus marquants du Pandémie de covid-19, c’est ici différence radicale de stratégies mise en œuvre d’un pays à l’autre. Un tel contraste n’était pas surprenant en ce début d’année, alors que nous en savions très peu sur le virus. Aujourd’hui, alors que des dizaines de milliers d’articles scientifiques ont été écrits et que nous en avons de nombreux exemples bonnes pratiques, nous nous attendrions à plus de convergence.

Cependant, certains pays résistent encore aux stratégies plébiscitées par la plupart des États de la planète, comme l’enfermement, et persistent sur leur chemin… avec plus ou moins de succès.

Parmi ceux qui résistent aux méthodes couramment utilisées, on trouve la Suède et le Japon, qui ont adopté une approche différente de leurs voisins et qui ont attribué leur succès initial aux prétendus avantages de leurs spécificités nationales. Les deux pays semblent désormais payer le prix de cette stratégie.

Pays sans confinement

Les modèles japonais et suédois sont basés en particulier sur le concept exceptionnalisme national. J’entends par là un consensus général selon lequel la population d’un pays n’est pas seulement différente du reste du monde, mais elle est aussi, d’une certaine manière, supérieure.

le dirigeants de ces deux paie ont souligné que leur Constitution empêchait la restriction des libertés individuelles, notamment par des mesures de séquestration ou des amendes. Ces deux gouvernements ont préféré se fonder sur le volontariat, la responsabilité individuelle et, surtout, le caractère exceptionnel de leurs citoyens.

La Suède a ainsi pas ordonné la fermeture de ses bars, des restaurants et des salles de sport pendant la pandémie, ni n’impose le port de masques dans les espaces publics. De plus, le discours officiel soutient que les masques sont susceptible d’accélérer la propagation de la maladie. Ce point de vue était partagé par de nombreux de nombreux pays européens au début de la pandémie, mais a le plus rapidement favorisé le port de masques obligatoires dans les lieux publics.

Comme la Suède, le Japon a choisi l’option sans accouchement et a refusé d’imposer des restrictions strictes, même si le pays a fermé ses frontières il y a quelques mois. Cependant, contrairement à la Suède, presque tous les Japonais portent un masque seuls et le gouvernement recherche activement les cas de contact.

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Des piétons traversent une rue du quartier Shinjuku de Tokyo le 12 décembre 2020. | Kazuhiro Nogi / AFP

En juillet, le Japon a lancé une campagne de tourisme intérieur, Partir voyager, afin d’inciter sa population à consommer et, ce faisant, de revitaliser l’économie. On craint aujourd’hui que cette initiative, qui a vu le gouvernement subventionner les voyages touristiques nationaux, ne soit à l’origine de la troisième vague dans le pays.

Mindo et nihonjinron au Japon

L’exceptionnalisme japonais était évident dans la rhétorique utilisée pour expliquer la gestion relativement réussie des deux premières vagues. En avril, Shinzō Abe, alors Premier ministre, s’est empressé de se féliciter du succès de cette modèle, qui résulte d’une efficacité «typiquement japonais».

Le vice-premier ministre, Tarō Asō, était plus explicitement nationaliste, avançant pour expliquer que le mindo au Japon était plus élevé qu’ailleurs. Ce terme, que l’on pourrait traduire par «normes populaires», est associé à l’ère impériale du Japon, lorsque les Japonais se sont placés au sommet d’une hiérarchie des civilisations asiatiques. Cela rappelle la notion d’exceptionnalisme japonais, le nihonjinron, qui vise à justifier le caractère unique du Japon. Chaque pays est unique, dit ce genre littéraire, mais le Japon l’est encore plus … et aussi légèrement supérieur aux autres.

Le quotidien nationaliste de droite Sankei Shimbun fait même référence aux principes du Shinto, ainsi qu’à « L’expérience et la sagesse de nos ancêtres » pour expliquer le succès du pays.

Dans le cas du Japon, l’exceptionnalisme serait néanmoins à part: puisque le pays doit son succès à l’unicité de sa culture et à sa propreté proverbiale, le modèle japonais ne fonctionnerait pas ailleurs. Cependant, l’exceptionnalisme et la fierté vont souvent de pair et le troisième vague qui gonfle aujourd’hui sous la gouvernance du nouveau Premier ministre, Yoshihide Suga, s’avère être plus mortel que les deux premiers.

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Le Japon s’est mieux comporté que certains pays, mais connaît actuellement une troisième vague. | OurWorldInData

Folkvett en Suède

Au lieu d’appliquer des restrictions, le Premier ministre suédois Stefan Löfven a appelé la population à faire confiance à son folkvett, un état d’esprit qui allie bonnes manières, moralité et le bon sens supposé inné chez les Suédois respectable, afin de suivre les recommandations sur une base volontaire.

Pour sa part, Anders Tegnell, épidémiologiste gouvernemental et architecte de la stratégie nationale, a décrit les mesures d’endiguement des pays voisins comme «emballage» «ridicule».

Johan Giesecke, son mentor et proche confident, qui est également conseiller des autorités sanitaires suédoises, s’est montré tout aussi véhément: « La Suède a raison » et « Tous les autres pays ont tort ». lun et L’autre a déclaré que Covid-19 n’était pas plus dangereux que la grippe saisonnière et que les responsables de la santé l’ont prétendu (à tort) avril, dans Mai et en juillet que Stockholm s’approchait de l’immunité collective.

La stratégie d’immunité collective n’a pas porté ses fruits en Suède. | OurWorldInData, CC BY-SA

Les médias locaux en ont fait écho, rappelant aux Suédois qu’ils pourraient être «fier de vivre en Suède», et non sous les directives draconiennes et populistes en vigueur dans le reste de l’Europe. Contester cette approche, c’était douter de la science et de la raison elle-même.

Suivant le publication d’un article là où vingt-deux éminents savants parlaient des dangers de la stratégie suédoise, la presse se moquait des auteurs. Les chroniqueurs et les critiques, comme Ida Östenberg, Victor Malm et Alex Schulman a lancé des attaques personnelles dans lesquelles M. Schulman a même mis en doute la santé mentale des signataires. Même le professionnel de la communication scientifique le plus célèbre et le plus fiable, Agnès Wold, ont remis en question leurs motivations.

Alors que les décès ont recommencé à augmenter en juin et que le reste de l’Europe (et le Japon) ont repris le contrôle de l’épidémie, seuls les démocrates (un parti d’extrême droite) ont osé critiquer Anders Tegnell et les autorités sanitaires suédoises.

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À Stockholm le 19 septembre 2020, pendant la pandémie. | Jonathan Nackstrand / AFP

Fin juillet, le nombre de décès quotidiens en Suède est finalement passé sous la barre des dix. La réaction n’était pas tant un soupir de soulagement qu’une auto-félicitation collective: la stratégie suédoise était la bonne, nous l’a félicité à l’étranger. En fait, il semblait alors que la moindre couverture médiatique internationale complimentant la gestion de crise suédoise méritait d’être relayée, comme l’article élogieux du tabloïd britannique The Sun, distribué largement par les médias suédois complaisant.

D’où le paradoxe de l’exceptionnalisme suédois, basé sur le folkvett inhérente à la population, alors que le pays a fait de l’article de « Stratégie suédoise » en tant que modèle scientifique dont tous les autres États finiraient par s’inspirer.

Inertie exceptionnelle

La Suède et le Japon se heurtent désormais à un problème d’inertie exceptionnelle. D’autres pays ont rapidement changé de tactique, s’adaptant à l’évolution de la pandémie et aux études scientifiques qui peuvent l’expliquer. Alors que la troisième vague menace de submerger le Japon, le gouvernement n’a pas abandonné la campagne Partir voyager, n’en concédant qu’un suspension du 28 décembre 2020 au 11 janvier 2022.

Les Japonais dans le quartier Shinjuku de Tokyo le 19 novembre 2020. | Philip Fong / AFP

Pendant ce temps, les bars, restaurants et gymnases restent ouverts en Suède, alors que le nombre de décès quotidiens continue d’augmenter, même si un sondage récent publié par le journal Dagens Nyheter montre que la cote de popularité de M. Tegnell n’a jamais été aussi basse.

Le problème du Covid-19 n’est bien sûr pas seulement une question d’exceptionnalisme national et, pour le moment, le Japon a mieux réussi à contrôler l’épidémie que la Suède et de nombreux autres pays.

Cependant, ces deux exemples suggèrent qu’associer le succès (et, par extension, l’échec) d’une politique de santé publique à une invocation de spécificités nationales n’est pas sans danger. Il devient difficile d’apprendre des autres et changer de cap, même face à des preuves accablantes, devient plus douloureux, voire impossible.

Traduit de l’anglais par Mathilde Montier pour Rapide ForWord

Cet article est republié à partir de La conversation sous une licence Creative Commons. Lis learticle original.

François Faure

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