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Six choses à savoir sur Amy Coney Barrett, choisie par Donald Trump pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême

Donald Trump a choisi ce juge fédéral et universitaire de 48 ans, «fidèle catholique» opposé au droit à l’avortement, pour remplacer le doyen de la Cour suprême.

«Nous allons annoncer quelqu’un de fantastique! je pense demain [samedi] va être une belle journée.«  Dans ces quelques mots, prononcés devant la foule acquise lors d’un meeting à Newport News, en Virginie (Etats-Unis), Donald Trump a annoncé que son choix était fait, vendredi 25 septembre. Sans en dire plus, le président américain a laissé entendre qu’il avait a trouvé son candidat pour un remplaçant décisif: celui de la juge Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême. Moins d’une semaine après la mort de la doyenne de la Cour, icône progressiste et féministe aux États-Unis, la dirigeante républicaine a choisi la magistrate conservatrice Amy Coney Barrett.

Si la nomination d’Amy Coney Barrett est confirmée, la Cour suprême comptera alors six juges conservateurs et seulement trois juges progressistes. La décision de nommer un nouveau juge avant l’élection présidentielle, dénoncée par les démocrates, peut ancrer définitivement la plus haute juridiction des États-Unis dans le conservatisme. Une institution capable de régler les débats sociaux fondamentaux, comme le droit à l’avortement ou le port d’armes. Qui est ce magistrat, dont les convictions sont en contradiction avec celles défendues par Ruth Bader Ginsburg? Éléments de réponse.

1Un universitaire avec une vision «originaliste»

Amy Coney Barrett a grandi à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, avant de déménager au Tennessee, où elle a étudié la littérature anglaise. C’est surtout à la faculté de droit Notre-Dame de South Bend, Indiana, que l’étudiante s’est distinguée. Diplômée avec distinction de cette institution confessionnelle catholique, elle l’a rejoint à l’âge de 30 ans en tant qu’enseignante, souligne le Chicago Tribune*. Et ce pour une durée de quinze ans. Plusieurs de ses anciens collègues, cités par le New York Times, évoquent une universitaire et une avocate ingénieuse, louant son travail malgré leurs désaccords.

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Auparavant, Amy Coney Barrett a travaillé pour plusieurs avocats et pour un juge conservateur de la Cour suprême, Antonin Scalia, avec qui elle partageait une vision «originaliste» de la loi. En d’autres termes, il s’agit d’interpréter la Constitution telle qu’elle a été conçue lors de sa rédaction, plutôt que de s’appuyer sur la jurisprudence. « Dans un système de jurisprudence, la nouvelle majorité est chargée d’expliquer en quoi la vision constitutionnelle de ses prédécesseurs est imparfaite et comment la sienne comprend mieux le sens de notre loi fondamentale », a-t-elle critiqué dans un article de 2013, note Politico*.

2Un « fidèle catholique », membre d’un groupe contesté

A 48 ans, Amy Coney Barrett est mère de sept enfants, tous âgés de moins de 20 ans, note le New York Times*. Deux d’entre eux ont été adoptés et sont originaires d’Haïti. Le cadet du couple Barrett souffre d’un handicap, il est trisomique.

« Fidèle catholique », selon ses propres mots, Amy Coney Barrett et son mari, ancien procureur, sont également membres d’un groupe chrétien dénommé The People of Praise fondé en 1971. Une organisation critiquée pour son organisation jugée autoritaire, certains « chefs » du groupe régissant la vie quotidienne de plusieurs membres, révèle la Gardien*. Dans ce groupe, les maris ont autorité sur leurs épouses, et chaque membre doit donner 5% de ses revenus à la communauté.

Les critiques rejetées par The People of Praise, qui se présente comme une communauté de « partage de vies », « où nous nous soutenons mutuellement financièrement, matériellement et spirituellement ».

3Un favori des conservateurs

Forte de quinze ans d’expérience universitaire, Amy Coney Barrett n’est juge fédérale que depuis octobre 2017, après avoir été nommée directement par Donald Trump. Lors de son audition de confirmation au Sénat, plusieurs élus démocrates l’avaient critiquée pour certaines de ses déclarations, dans lesquelles elle parlait ouvertement de ses convictions catholiques. L’avocat avait, entre autres, déjà déclaré qu’un « carrière juridique » était « un moyen au service d’une cause » : « bâtissez le Royaume de Dieu ». Devant le Sénat, elle avait assuré que ses convictions ne pèseraient en aucune façon sur ses missions de juge.

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« Le dogme religieux vit bruyamment en vous », avait été lancée par la sénatrice démocrate Dianne Feinstein en 2017. Une citation qui a permis au nouveau juge fédéral de gagner en popularité dans les cercles catholiques traditionalistes: ces mots étaient répétés sur des tasses ou des t-shirts, comme le symbole supposé d’une intolérance envers les catholiques, souligne en dehors de New York Times.

Un an plus tard, Amy Coney Barrett figurait déjà parmi les candidates favorites pour un poste à la Cour suprême. Cela a finalement été rempli par Brett Kavanaugh, mais « Je le garde pour Ginsburg », a ensuite déclaré le président américain, selon le site Axios*.

4Un juge opposé au droit à l’avortement …

Amy Coney Barrett a longtemps affiché des positions anti-avortement. Elle le faisait déjà en tant que professeur de droit, puisqu’elle était membre de l’organisation Faculty for Life, un groupe d’universitaires opposés à l’interruption volontaire de grossesse (avortement).

Comme rappelé Reuters*, certains de ses votes en tant que juge fédéral sont conformes à ces condamnations. Elle s’oppose ainsi à certaines décisions visant à invalider les restrictions au droit à l’avortement.

Si la juge fédérale est bien nommée à la Cour suprême, le camp progressiste craint de menacer le jugement historique Roe v. Wade de 1973, qui a légalisé le droit à l’avortement aux États-Unis. Reviendra-t-elle sur cette décision? Lors d’un débat en 2016, l’universitaire a estimé que le droit à l’avortement ne serait pas modifié dans un proche avenir. Mais les restrictions locales contre l’avortement dans certains des 50 États du pays pourraient, selon eux, changer, rappelle Bazar de Harper*.

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5… et revue d’Obamacare

Fin juin, le ministère américain de la Justice a officiellement demandé à la Cour suprême d’abroger Obamacare, la loi sur l’assurance maladie adoptée par l’administration Obama. Le tribunal devant revoir la loi sur les soins abordables en novembre, quelle est la vision de son futur juge potentiel sur le sujet?

En 2012, rappelle le Gardien, Amy Coney Barrett s’était attaquée à une mesure de la loi qui obligeait les compagnies d’assurance à proposer des méthodes contraceptives. Le professeur avait alors mentionné « une grave violation de la liberté religieuse ». Dans ses écrits, Amy Coney Barrett a également critiqué l’action du président de la Cour suprême John Roberts en permettant le maintien d’Obamacare, rappelle le Los Angeles Times*.

6Un défenseur du droit de porter les armes

Le candidat à la Cour suprême s’est également déjà exprimé sur la question du droit de porter des armes à feu aux États-Unis. En particulier, elle voulait contester une loi interdisant l’acquisition d’armes à feu pour les personnes qui ont commis des crimes.

Un entrepreneur, reconnu coupable de fraude, a alors jugé que ce texte, qui lui interdisait donc d’acquérir une arme, était contraire à la Constitution. Dans un avis, Amy Coney Barret a estimé que cette loi violait le deuxième amendement de la Constitution dans son cas, car elle n’avait jamais été accusée de violence.

* Tous ces liens sont en anglais.

François Faure

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