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Coronavirus: dépistage obligatoire pour les jeunes, est-ce vraiment faisable?

Ils sont dans le viseur des autorités sanitaires. Les «jeunes» sont aujourd’hui les plus touchés par les contaminations aux coronavirus. Pourquoi? Certains soulignent les conséquences d’une mauvaise communication; d’autres, une détente. Quoi qu’il en soit, un médecin pense avoir la solution pour contenir l’épidémie. Djillali Annane, responsable des soins intensifs à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), souhaite rendre systématiques les tests de dépistage pour les 15-40 ans avant la rentrée scolaire. Une mesure très compliquée à mettre en place.

D’autres pays l’ont-ils fait?

Non. Dans les pays les plus avancés sur le front du Covid-19, les tests ne sont obligatoires que dans les aéroports. En France, toute personne revenant d’un pays où «la circulation virale est particulièrement forte» et figurant sur une «liste rouge» doit donc se soumettre à un test depuis le 1er août.

Serait-il légal de rendre ces tests obligatoires?

Faire passer une telle mesure en droit ne serait pas facile, selon Bertrand Mathieu, professeur et avocat français, spécialiste en droit constitutionnel. «Ce n’est pas strictement impossible car il y a des vaccinations obligatoires et un test n’est pas forcément plus compliqué», assure-t-il. Mais deux points pourraient bien être problématiques. «Il y a un risque que cette mesure soit considérée comme une contrainte disproportionnée», décrit-il. Le juge devra vérifier s’il y a un décalage entre le but poursuivi et l’atteinte à la liberté, mais cela semble assez évident. « 

Deuxième problème, le risque de discrimination d’une catégorie d’individus. « Il faudra déterminer si la différence de traitement de cette catégorie de personnes est justifiée », poursuit le spécialiste. Pourquoi devrions-nous être testés à 40 ans et plus à 41 ans? « 

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<< Forcer certaines populations ou certains professionnels à effectuer des tests de dépistage obligatoires n'est pas anodin dans la mesure où les échantillons sont examinés directement sur leur corps protégé par le principe d'inviolabilité (article 16-1 du Code civil) et d'intégrité (article 16-3 du même code) », rappelle Bénédicte Bévière-Boyer, maître de conférences en droit privé à l'Université Paris VIII.

«La protection de l’intérêt général dans une optique de sécurité sanitaire, de prévention, est de nature à justifier des tests de dépistage. Mais une telle dérogation aux libertés individuelles ne peut être faite sous aucune condition, ajoute-t-elle. Cela vaut pour le principe de proportionnalité, qui justifie un équilibre entre la légitimité de l’intervention des pouvoirs publics et la limitation des libertés individuelles. « 

Combien de personnes pourraient être touchées?

En France, selon l’INSEE, au 1er janvier 2020, la part de 15 à 39 personnes était de près de 20 millions de personnes. Actuellement, en France, 500 000 personnes sont testées chaque semaine, selon Santé publique France.

Combien cela coûterait?

Il est difficile de savoir précisément quel serait le coût d’une telle décision. Pour rappel, un test PCR coûte 54 euros, actuellement entièrement financé par l’Etat.

Est-ce nécessaire d’un point de vue sanitaire?

Les experts sont divisés sur cette question. «La positivité de ce test est extrêmement réduite avec le temps. Le risque donc, lorsque nous aurons fini de tester l’ensemble de la population, c’est qu’il faudra recommencer, assure Lionel Barrand, président de l’Union nationale des jeunes biologistes médicaux. Pour que le test soit efficace, il doit être fait au bon moment, à savoir lorsque la personne présente des symptômes, et pas trop tard car nous avons des PCR qui se produisent. nier lorsque le virus est éliminé par les poumons ou ailleurs… »

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François Blanchecotte, président de l’Union nationale des biologistes, soutient l’idée que les jeunes doivent être dépistés à grande échelle, même s’il ne souhaite pas en faire une obligation. «La doctrine gouvernementale était basée sur des individus symptomatiques, mais avec les vacances, le virus a peut-être gagné du terrain, et il y a peu de consultations pour les symptômes de Covid. Surtout, un positif sur deux est asymptomatique, c’est pourquoi nous devons chercher des jeunes », note-t-il. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, parmi les 8516 cas positifs à la semaine 32 (du 3 au 9 août 2020), 53% étaient asymptomatiques.

Est-ce techniquement faisable?

Pour François Blanchecotte, comme pour Djillali Annane à l’origine de cette idée, pour tester massivement les jeunes, il faut aller les rencontrer. «Nous avons déjà installé des centres dans des tavernes, dans des stations pour jeunes», explique-t-il.

Mais les laboratoires français sont déjà en grande tension, rappelle Lionel Barrand. Même si, depuis fin juillet, des infirmières auxiliaires, des étudiants en santé, des secouristes ou des techniciens de laboratoire ont également prélevé des échantillons, les armes sont toujours manquantes. «Et puis nous n’allons pas mettre un policier derrière chaque jeune», fronce les sourcils François Blanchecotte. Il faut surtout faire de la pédagogie et surtout avec des personnes positives. « 

Alveré Paquet

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