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la triple punition des populations précaires

Lors de la première vague, la Seine-Saint-Denis, le territoire le plus pauvre de la métropole, a enregistré la mortalité la plus élevée liée au Covid-19. Six mois plus tard, la seconde vague a de nouveau balayé les plus précaires et les habitants des quartiers populaires.

«Promiscuité des petits logements, emplois souvent en contact avec le public, maladies chroniques (diabète, obésité)»: Frédéric Adnet, responsable du Samu 93, énumère les facteurs qui rendent ces populations plus vulnérables «à toutes les épidémies».

Une vulnérabilité quiune grande étude de l’Inserm vient, pour la première fois, de mesurer: «les personnes vivant dans des logements exigus ou surpeuplés (moins de 18 m2 par personne) sont 2,5 fois plus susceptibles d’avoir été positives pour Covid-19», selon l’Institut de recherche.

Positivité beaucoup plus élevée

Plus de risque d’être infecté et de développer des formes graves

Dans les communes très densément peuplées, la proportion de personnes dont le test est positif est également le double de la moyenne. Deux facteurs aggravants «qui se cumulent pour une partie de la population», notamment celui des quartiers populaires des grandes agglomérations.

« C’est le cas des 25-34 ans et des personnes sans diplôme, et cette accumulation est accentuée en bas de l’échelle des revenus et chez les immigrés d’origine non européenne, reflétant des phénomènes de ségrégation socio-spatiale », conclut l’Inserm. , qui ajoute que ces populations n’ont souvent pas pu avoir recours au télétravail, s’exposant ainsi encore plus au risque de contamination dans les transports.

Un phénomène qui n’est pas spécifique à la France: à la mi-septembre, alors que Madrid devait donner un premier tour de mesures sanitaires face au retour du virus, la ville avait commencé par confiner ses quartiers les plus pauvres, beaucoup plus touchés par la épidémie.

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Et qui se vérifie une fois de plus avec la deuxième vague: dans des villes comme Roubaix ou Tourcoing (Nord), comme dans certains arrondissements de Marseille, le taux d’incidence (nombre de nouveaux cas sur sept jours pour 100000 habitants) a dépassé le seuil de 1000, contre 390 en moyenne (pour la semaine du 19 octobre). Pour mémoire, le gouvernement a fixé le seuil à placer dans la «zone d’alerte maximale» à 250 cas pour 100 000 habitants.

Avant l’enfermement, Roubaix ou Tourcoing, où le taux de pauvreté a atteint des records, ont annoncé qu’ils allaient former des «ambassadeurs covid» – acteurs sociaux et associatifs, médiateurs – pour mieux éduquer les publics «loin de la communication institutionnelle» par porte-à-porte ou par téléphone Actions.

Pénalité triple

La progression de l’épidémie est «avant tout (liée à) une question de logement, qui est moindre» avec des familles parfois «intergénérationnelles», selon la sous-préfète Johanna Buchter.

Si, début septembre l’épidémie touchait principalement les jeunes, «en trois semaines elle passe aux plus âgés» et «dix jours plus tard, on voit l’impact sur la réanimation», a souligné fin octobre le directeur départemental de l’Agence Régie régionale de la santé (ARS), Aline Queverue.

« C’est exactement la double peine: les habitants des quartiers populaires sont plus à risque d’être contaminés par leurs conditions de vie, par leur travail, et ils sont plus susceptibles de faire des formes graves en raison du taux d’obésité et de diabète – les maladies associées aux formes sévères, plus importantes dans les populations socio-économiquement défavorisées », analyse Isabelle Grémy, directrice de l’Observatoire régional de la santé Ile-de-France.

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Même triple problème: dans son étude publiée début octobre, l’Inserm soulignait également que la crise sanitaire « avait inégalités sociales accentuées, notamment en termes de vulnérabilité professionnelle et financière « .

Rolande Desroches

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