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Pourquoi la communication sur la santé de Donald Trump est-elle remise en question?

Partisans de Trump devant l’hôpital militaire Walter Reed, 4 octobre 2020. – AFP

  • Après deux nuits à l’hôpital militaire, le président américain atteint de Covid-19 pourrait rentrer lundi à la Maison Blanche.
  • Des questions se posent sur l’état de santé réel de Donald Trump, à moins d’un mois avant l’élection: des informations contradictoires fuient chaque jour sur son état, alors qu’il multiplie les scènes.
  • « Donald Trump veut absolument apparaître comme quelqu’un qui n’est pas vulnérable, pour montrer qu’il contrôle à la fois son corps et les contrôles du pays », analyse Marie-Cécile Naves, politologue et directrice de recherche chez Iris.

De l’hôpital militaire Walter Reed, Donald Trump, testé positif pour
coronavirus, a repris
son avalanche de tweets matinaux. Mieux pour le président américain, hospitalisé depuis vendredi? Difficile à savoir, tant les communications sur son état de santé se succèdent … et se contredisent. 20 minutes revient sur une succession de déclarations contradictoires et de points flous autour de la santé du président.

Annonce du diagnostic: Trump affecté par Covid

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Donald Trump l’annonce elle-même sur les réseaux sociaux : lui et sa femme
Melania sont contaminés. Une question brûle les lèvres: dans quel état est le président, sujet à risque en raison de son âge et de son surpoids. La Maison Blanche affirme dans la foulée que le président va « très bien ». Mais au cours de la journée, une source anonyme a déclaré: «Les signes vitaux du président au cours des dernières 24 heures ont été très inquiétants, et les prochaines 48 heures seront cruciales en termes de soins. « 

Le jeu de ping-pong entre son médecin et son équipe de communication

L’un des médecins de Donald Trump à la Maison Blanche s’appelle Sean Conley. C’est lui qui communique sur le dossier. Depuis l’annonce du diagnostic de Donald Trump, il a multiplié les déclarations contradictoires ou minimisant l’état de santé du président. A-t-il reçu supplémentation en oxygène ? Le docteur Conley a simplement répondu que cela n’avait pas été le cas samedi, jeudi ou depuis son hospitalisation, restant insaisissable.

Les médias, y compris la chaîne ABC, ont ensuite confirmé que le président Trump avait besoin d’une oxygénation à la Maison Blanche vendredi pendant une heure. Un épisode jugé suffisamment inquiétant pour décider de son hospitalisation le soir même chez Walter Reed.

Pour expliquer ces divergences entre ses déclarations et la réalité, Conley explique qu’il a voulu « faire preuve d’une attitude optimiste ». Ses réponses évasives « lui donnaient l’impression qu’il voulait cacher quelque chose », admet-il, mais « ce n’était pas forcément vrai », ajoutant que le président va « très bien » et que son corps répond bien au traitement. «J’ai l’impression qu’ils nous disent toutes les bonnes nouvelles et limitent tout ce qui n’est pas parfait», analyse Rochelle Walensky, responsable des maladies infectieuses au Massachusetts General Hospital,
proche Washington Post.

Ces déambulations dans la communication du président suscitent beaucoup de doutes sur son état réel : «Depuis 2016, nous sommes tellement habitués aux mensonges, aux contre-vérités, distillés par la Maison Blanche que nous avons beaucoup de mal à leur faire confiance dans la com officielle», explique Marie-Cécile Naves. «Cette fois, je ne pense pas que ce soit volontaire de leur part, ils sont probablement un peu paniqués. « 

Une mini-campagne, pour « combler le vide »

Moins d’un mois avant l’élection présidentielle, Donald Trump se présente. Dimanche, il a décidé de se faire plaisir un voyage en voiture pour saluer ses fans, réunis
devant l’hôpital. De nombreuses voix se sont élevées pour condamner un coup de communication porté au mépris de la santé des agents des services secrets qui l’accompagnaient.

Auparavant, le septuagénaire lui-même a voulu rassurer les Américains en publiant des photos de lui «au travail» depuis l’hôpital, et une vidéo sur Twitter samedi soir. Mais sur Twitter, des internautes particulièrement attentifs ont montré que les photos de lui travaillant dans deux pièces différentes avaient été prises à 10 minutes d’intervalle et qu’il signait … une feuille blanche.

«Il est sur une mini-campagne. À cause du Covid, il a annulé un voyage important en Floride. Il doit combler ce vide laissé par son hospitalisation. Tous les moyens sont bons pour occuper l’espace médiatique. Il faut qu’il y ait une image », rappelle Marie-Cécile Naves. «De toute évidence, il essaiera de tourner la situation à son avantage. Donald Trump veut absolument apparaître comme quelqu’un qui n’est pas vulnérable, qu’il contrôle son corps autant que les ordres du pays, d’ailleurs les deux vont de pair », explique-t-elle. «La faiblesse, c’est Joe Biden, ce sont les démocrates. « 

La question de son retour à la Maison Blanche

Là encore, le flou et l’incompréhension demeurent. Donald Trump a annoncé qu’il serait bientôt de retour à la Maison Blanche. Un constat qui surprend quand on connaît le traitement lourd qui lui est prescrit: le président reçoit des injections de l’antiviral remdesivir, prend un cocktail expérimental de Regeneron et la dexaméthasone, un corticostéroïde efficace contre les formes sévères de Covid-19. Un sacré mélange que Rochelle Walensky appelait «thérapie d’évier de cuisine».

« Pour quelqu’un qui est suffisamment malade pour avoir besoin à la fois de remdesivir et de dexaméthasone, je ne peux pas imaginer que cette personne puisse rentrer chez elle après trois jours », a déclaré Robert Wachter, président de l’Université de Californie au Département de médecine de San Francisco, Washington Post. «Donner ce cocktail à un chef d’État en exercice, à titre préventif, afin de réduire le risque d’une évolution plus sévère pourrait être interprété comme raisonnable», nuance dans le même article Lewis Kaplan, docteur en réanimation à l’Université de Pennsylvanie.

Qu’ils soient justifiés ou non, Donald Trump est l’une des seules personnes au monde à vivre ces différents traitements en même temps. Et personne ne sait comment ils peuvent réagir les uns aux autres. Sur ce sujet aussi, ses médecins gardent le silence.

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François Faure

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