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sur les traces de la propagation folle d’une souche espagnole du virus

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Elle s’appelle 20A EU.1 et, selon les travaux d’une équipe de chercheurs, rendus publics jeudi, cette souche espagnole du virus Covid-19 est celle qui s’est propagée le plus rapidement à travers l’Europe.

La deuxième vague cherche coupable. Alors que les pays européens mettent en place, les uns après les autres, des mesures de plus en plus strictes pour lutter contre la propagation du Covid-19, de nombreuses questions épidémiologiques restent ouvertes sur cette seconde vague.

Alors que la plupart des scientifiques ont reconnu avoir a été surpris par la vitesse de propagation virus depuis la fin de l’été, on en sait un peu plus sur la propagation du virus sur le continent. Une mutation de Sars-cov-2, apparue en Espagne début juin, s’est imposée comme la forme dominante du virus dans au moins une douzaine de pays, a déterminé une équipe internationale de scientifiques dans une nouvelle étude publiée jeudi 30 octobre.

A l’assaut de l’Europe à partir de juillet

C’est au début du mois de juin que la souche 20A EU.1 – le nom que lui ont donné ces chercheurs – semble avoir émergé parmi les travailleurs agricoles de la région d’Aragon, dans le nord-est de l’Espagne. «Ce sont au moins les traces les plus anciennes de sa présence que nous ayons pu déceler», précise Emma Hodcroft, auteur principal de l’étude et spécialiste en génétique évolutive humaine à l’Université de Bâle, contactée par France 24.

Elle s’est ensuite mêlée à la population locale avant de migrer vers le reste du pays où elle représente désormais plus de 70% de l’ensemble des séquences analysées par les chercheurs. Dès la mi-juillet, cette mutation a rapidement pris d’assaut le reste du continent, à commencer par le Royaume-Uni (80% de toutes les séquences analysées), la Suisse et les Pays-Bas. En France, «cela ne représente que 40% des cas analysés, et c’est une autre souche qui domine», précise Emma Hodcroft.

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«Je n’avais jamais rencontré de souche de virus, qui se propage si vite depuis que j’ai étudié les mutations de Sars-cov-2», admet le scientifique de l’université de Bâle. Cela signifie-t-il que l’Europe est tombée sous le contrôle d’une nouvelle souche particulièrement agressive du coronavirus, ce qui pourrait expliquer pourquoi les scientifiques ont été déconcertés par l’augmentation rapide de la contamination depuis la rentrée scolaire?

Sans écarter cette possibilité, Emma Hodcroft tient à préciser qu ‘«à l’heure actuelle, nous n’avons pas de preuve scientifique que les mutations ont augmenté la transmissibilité de la variante 20A EU.1 ou l’ont rendue plus dangereuse». Les changements dans la structure génétique d’un virus sont fréquents – ils surviennent lorsque le virus se multiplie dans un corps infecté – et « la plupart du temps ils n’affectent pas son comportement », rappelle le chercheur. Mais il arrive parfois que la loterie génétique donne naissance à un souche plus virulente. C’est le cas du variant D614G qui a été décrit comme «plus infectieux» que les autres. dans un article publié en juillet dans la revue Cell.

Déterminer si Sars-cov-2 20A EU.1 entre dans cette même catégorie nécessitera des tests de laboratoire supplémentaires. Le verdict devrait tomber « dans quelques semaines », précise Emma Hodcroft.

Est-ce le virus ou les vacanciers?

En attendant, l’auteur principal de l’étude considère qu’il est tout aussi probable que la propagation très rapide de cette souche du coronavirus soit plus prosaïquement un effet secondaire des vacances d’été. «On sait que les contaminations après déconfinement ont recommencé à augmenter très tôt en Espagne, destination très prisée des touristes, et cette variante du virus a commencé à circuler au niveau européen au moment des grands mouvements estivaux des vacanciers», rappelle-t-elle. Est-ce que.

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De plus, beaucoup de ces touristes sont relativement jeunes, et certains d’entre eux ont su «mal appliquer les gestes de barrière» pour mieux célébrer le retour d’une certaine normalité après un printemps confiné, note le chercheur. «C’était le cocktail parfait pour cette souche du virus», dit-elle. Mais pour que 20A EU.1 quitte le pays, il doit aussi y avoir eu des «échecs de contrôles de santé dans les aéroports», souligne le Financial Times.

Cette explication a l’avantage de supprimer le spectre d’une forme stéroïde de Sars-cov-2 qui se serait imposée en Europe. Mais si la faute n’est pas génétique, la responsabilité de cette deuxième vague incombe au comportement humain. Ce qui n’est pas forcément plus rassurant.

François Faure

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