Économie

Chez Renault, les suppressions d’emplois peuvent en cacher d’autres

C’est l’arbre qui cache la forêt. Officiellement, le plan annoncé par Renault fin mai devrait générer une économie de 2,15 milliards d’euros et supprimer 4 600 emplois sur une base volontaire. Mais en fait, l’ardoise sociale du constructeur automobile semble beaucoup plus lourde.

Le rapport d’expertise sur ce plan, réalisé par le cabinet Secafi, à la demande du Comité central social et économique (CCSE) de Renault, a plus que doublé ces suppressions d’emplois. Présenté le 29 septembre au CCSE, en présence de la direction, il évalue à 5 300 le nombre d’emplois supplémentaires qui seraient supprimés en France en comptant les sous-traitants qui travaillent directement sur les sites de Renault.

Ou, mis bout à bout, 10 000 emplois perdus. «La direction annonce un plan sans licenciement, mais c’est faux, estime Florent Grimaldi, de la CGT. En réalité, elle sous-traite les licenciements à des sociétés de services qui fournissent la moitié des ressources humaines de la Recherche et Développement de l’entreprise, où 2500 emplois seront Couper. « 

A Lardy, 800 emplois menacés sur 2300

Ce jeudi, la CGT appelle donc les salariés du site de Lardy à se désengager d’une heure pour protester contre ce «saignement». Il faut dire que ce centre technique basé en Essonne et spécialisé dans le développement de moteurs thermiques s’attend à payer un prix élevé. Environ 800 emplois seraient menacés sur les 2 300, dont 200 salariés Renault et 600 sous-traitants. «Ce plan, avec ses 4 600 suppressions d’emplois, est la pointe de l’iceberg», décrypte Franck Daout, représentant central syndical CFDT Renault. Le submergé, ce sont les milliers d’emplois qui disparaissent pour les prestataires et les intérimaires. « 

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Combien sont-ils ? Selon les syndicats, ils représentent entre 20% et 25% des effectifs. Soit plus de 10 000 personnes en plus des 40 000 salariés de Renault. Des chiffres tempérés par le management: «Ils sont en constante évolution, insiste Renault. Tout dépend de l’activité et de l’avancement des projets. « 

Cependant, rien qu’en ingénierie, alors que 6 875 salariés sont sous contrat Renault, 6 700 autres salariés sont prestataires de services. «Nous sommes la variable d’ajustement, regrette Grégory Levert, délégué CGT chez Altran, spécialiste du conseil en ingénierie. Actuellement, 471 collaborateurs Altran travaillent chez Renault. Un nombre qui a tendance à baisser. D’autant qu’il est facile pour le constructeur de se débarrasser de nous. Il suffit d’un mois pour résilier le contrat. « 

« Nous savons que les sous-traitants travailleront dur »

Employé Polymont, prestataire de services d’ingénierie, Mickaël (le prénom a été changé) en a fait une expérience amère. Après plus de trois ans au sein de la marque diamant en tant que technicien spécialisé dans les bancs d’essais moteurs, l’aventure s’est terminée à la mi-mai. «Après plusieurs semaines de chômage partiel, on m’a d’abord dit que j’allais retourner travailler. Et deux jours plus tard, Renault a mis fin à mon contrat. Psychologiquement, c’était dur. Je travaillais sur un grand projet. L’impact est également financier. « J’ai encore un montant fixe de 1.500 euros de Polymont mais en l’absence de mission, je perds environ 400 euros de prime par mois ».

Pour tous les prestataires, la peur grandit. «Pour le moment, il n’y a pas de redondance chez FEV, confie Johann Lambert, délégué CGT chez cet autre fournisseur en ingénierie du constructeur automobile. Mais entre Renault et surtout Airbus ( NDLR: l’entreprise a annoncé la suppression de 5000 emplois en France ), nous savons que les sous-traitants vont travailler dur. « 

Selon le rapport Secafi, sur les 5.300 emplois, 2.400 emplois seraient supprimés en France par des délocalisations. «C’est la méthode déjà utilisée par Gilles Le Borgne, directeur de l’ingénierie chez Renault, lorsqu’il était chez PSA», regrette Florent Grimaldi. Contactée, la direction de Renault a refusé de commenter. Mais elle rappelle que le rapport rédigé par les experts du Secafi estime qu’un plan d’économies est nécessaire chez Renault.

Yseult Sauveterre

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