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« Le PSG montre des limites au niveau collectif », selon Jérôme Rothen

Les joueurs du PSG avec leur entraîneur Thomas Tuchel après leur victoire contre l’Atalanta le 12 août 2020. – David Ramos / AP / SIPA

  • Commentaires pour RMC Sports, Jérôme Rothen a répondu 20 minutes avant les deux demi-finales historiques de la Ligue des champions du PSG et de l’OL.
  • L’ancien parisien pense que le PSG se qualifiera face à Leipzig à la condition que son milieu de terrain augmente son niveau de jeu.
  • Pour l’OL, en revanche, il est beaucoup moins optimiste.

De notre envoyé spécial à Lisbonne,

Rares sont les footballeurs français qui peuvent parler d’une finale de Ligue des champions avec l’expérience d’en avoir fait une. Jérôme Rothen, consultant RMC Sports sur les propos de la finale 8 à Lisbonne, était le dernier du football français, en 2004 avec Monaco face à Porto. L’occasion de confronter ce souvenir à l’ancien gaucher du PSG avec les parcours de nos deux clubs demi-finalistes, Paris et Lyon, et plus généralement d’analyser les forces engagées. Sans avoir l’immense espoir d’avoir à commenter une finale franco-française Dimanche soir. Principe de réalité.

Quand vous voyez deux équipes françaises si proches du but, pensez-vous à Monaco en 2004?

Oui même si chaque épopée est un peu personnelle. C’est difficile de faire des comparaisons mais ce qui est sûr c’est que je ressens ce que les joueurs pensent et ressentent. Au fond de moi, il y a toujours des souvenirs, même si ça commence à être loin (rires). La Ligue des champions est quelque chose de magique. Je me sens privilégié de commenter ces rencontres, d’autant plus aujourd’hui que c’est à huis clos et qu’il y a très peu de monde au stade. C’est triste mais c’est comme ça. Je ressens beaucoup de joie, mais cela dépasse mon cadre de consultant. C’est le passionné de football français qui parle, et aussi le cœur car le PSG est toujours quelque chose qui est ancré en moi. Et de voir que ce club peut atteindre la finale de la Ligue des champions, c’est merveilleux.

Paradoxalement, n’est-ce pas l’OL qui vous rappelle un peu plus ce que vous avez vécu avec Monaco en 2004, du fait du caractère un peu plus inattendu de leur présence?

Je ne suis pas sûr. Je peux comprendre que les journalistes pensent que Paris est l’un des favoris, voire le favori avec le Bayern Munich. Moi, j’ai plus de recul là-dessus. Ce n’est pas parce que vous avez investi beaucoup d’argent, que vous avez des noms qui retentissent et que vous êtes toujours le favori. Le PSG avait montré des limites au niveau collectif avant la compétition et je le pense encore aujourd’hui. Même si Leipzig, après coup tu te dis que ce n’est pas un mauvais nul, que ça aurait pu être bien pire, je ne me dis pas qu’il y a trois classes de différence entre les deux équipes.

Donc pour moi je n’en fais pas l’équipe favorite de cette compétition. C’est similaire à ce que nous avons vécu avec Monaco. Lyon, c’est plus surprenant… Je n’enlève rien aux Lyonnais car c’est merveilleux d’être en demi-finale de Ligue des champions, et c’est une équipe bien huilée, qui sait quoi faire. Mais il manque encore de personnalité offensivement. L’émotion était là contre Manchester City et Juve, et dans les commentaires, c’était fantastique à vivre. Mais avec le recul, vous vous dites qu’il y a encore des lacunes et que l’épopée lyonnaise n’est pas tombée du ciel, mais presque.

Du côté de l’OL, on sent que la phase défensive et la première partie de la construction ne sont pas mal, mais que dans le dernier tiers du terrain, ça manque de présence, ça pêche dans la dernière passe et le dernier geste …

Ça craint beaucoup et puis … Bon, je ne parle pas de chance, je préfère utiliser le terme succès, et le succès doit être provoqué. Lyon la provoque, et tant mieux. Ils l’ont provoqué à Turin par un penalty obtenu qui est limité. Ils ont à peine attaqué en seconde période en Italie et pourtant ils ont tenu bon. Contre City c’est pareil, vous aviez l’impression qu’à 1-0 c’était bien, dès qu’il y avait l’égalisation très clairement City a pris le dessus et Lyon a marqué sur un contre, un but accordé malgré une faute.

Au final, Lyon a marqué trois fois sur cinq tirs cadrés. Être aussi efficace dans le football moderne n’arrive presque jamais. Ça arrive aux Lyonnais, tant mieux, mais ça montre des limites avec le ballon. On a le sentiment que plus le match avance, plus il n’y a qu’un seul joueur qui peut faire la différence, Aouar. Il peut servir les attaquants et ils peuvent marquer parce que l’équipe adverse joue haut et se fait prendre dans le dos, ce qui était le cas avec City. Ce n’est que pendant cette phase du jeu qu’ils peuvent marquer, sinon c’est très compliqué. Mais c’est aussi leur mérite, ils y croient jusqu’au bout.

L’exploit est-il faisable contre le Bayern?

Uhhhh (rires). J’étais dans le match aller du Bayern à Chelsea et j’ai dit à l’époque que cette équipe est un OVNI. Ils sont forts partout, ont des acteurs de référence dans presque tous les postes. Ils sont forts collectivement, c’est huilé, avec un coach sûr de ses idées. Il est difficile, au préalable, de penser que Lyon éliminera le Bayern. Mais il y a cette formule, sur un match, et il y a ce qu’a fait Lyon. On peut critiquer le jeu de la Juve, City, mais c’est arrivé deux fois. Cette équipe lyonnaise sait déjouer l’adversaire. Ce que Rudi Garcia a mis en place défensivement, chapeau.

Vous pouvez le critiquer sur beaucoup de choses et j’ai été le premier à tout faire l’année dernière, car lorsque vous avez de tels joueurs, vous ne pouvez parfois pas faire certaines copies en utilisant le ballon, comme ce fut le cas. cas l’année dernière. Mais défensivement c’est cohérent, les joueurs y croient, le collectif s’est formé. Si le collectif n’est pas fort, vous ne pouvez pas exister au plus haut niveau. Alors s’ils parviennent à être sur la même densité au milieu et en arrière, pourquoi pas? Malgré tout, j’ai le sentiment que le Bayern, même s’il va être coincé dans les 30 mètres de Lyon, il trouvera des solutions. Parce qu’ils ont des magiciens dans toutes les lignes.

Jérôme Rothen imagine une finale entre le Bayern et le PSG. – THIERRY LEFOUILLE / SIPA

Dans l’attitude, on a l’impression de voir de vrais tueurs au Bayern. Même à la 90e, ils continuent de vouloir pousser l’adversaire …

Les gars prennent tellement de plaisir à passer, à créer des occasions et à marquer des buts que c’est une habitude, ils ne s’arrêtent jamais. L’entraîneur pourrait leur dire de gérer 5 ou 1 / 6e contre le Barça car il y a un demi derrière mais les gars sont dans l’euphorie, ils continuent et même les remplaçants se lancent. Contre le Barça, Coutinho inscrit et plante deux buts. Franchement, si Lyon se rend en finale, ils auront déjà remporté la Coupe. Car entre la Juve, Manchester City et le Bayern, c’est difficile de faire mieux (rires).

Revenons au PSG et à ces problèmes collectifs dont vous parliez. Y a-t-il des points positifs à tirer du match contre l’Atalanta malgré tout?

Franchement, quand on retire l’accord Mbappé / Neymar, le match XXL de Neymar et les arrêts de Navas… Le moteur d’une équipe est le milieu, il faut avoir un milieu avec un gros volume de jeu, capable de faire de bons décalages , de bonnes balles sortent, pour être solide défensivement. Et sur le match Atalanta, sans Neymar, c’est complet rien au milieu. Et ce n’était que Atalanta, avec un marquage individuel. La réponse de Herrera, Gueye et Marquinhos fut de repousser.

Heureusement, il y avait des flashs pour permettre au PSG de gagner mais maintenant il va falloir que Tuchel trouve la bonne solution au milieu. Le milieu de terrain de Leipzig avec Laimer, Kampl, Sabitzer, ce sont des gars qui peuvent courir 48 heures et ils ne sont pas maladroits. Le PSG est capable d’apporter du danger à travers des exploits individuels, encore plus avec les titulaires de Di Maria et Mbappé, mais j’espère qu’ils seront plus inspirés au milieu de terrain. Je pense que Paredes va jouer et mettre le PSG dans la bonne direction avec ses passes. Si c’est le cas, le PSG sera en finale. Mais pour aller en finale de la Ligue des champions, il faut montrer autre chose que ce que Paris a montré jusqu’à présent.

Avez-vous aimé le format de cette finale 8 et espérez-vous que l’UEFA le maintiendra?

Je l’ai aimé dans ce contexte, oui. Et pourtant j’étais réticent avant. Mais vu comment ça se passe, et je me rends compte sur place des efforts de chacun pour que ça se passe bien, on ne peut que profiter de regarder cette compétition. On a vu des scénarios malades, des retournements de situation, des exploits… Le côté émotionnel est mis en avant, et peut-être on s’est imaginé en manquer sans les supporters et avec ce format. Mais dans un contexte normal, sans ce putain de virus, je ne veux plus le revoir. Pour moi, la Coupe d’Europe est un aller-retour. La déception d’un match aller que vous parvenez à revenir au retour… Et puis, l’équipe qui est censée être la plus forte gagne plus sur un aller-retour que sur un match sec.

Compte tenu du contexte, du format, des adversaires… Pensez-vous que le vainqueur de cette saison sera en quelque sorte minimisé?

Même si j’espère que Lyon fera l’exploit, si c’est une finale Bayern-PSG, pensez-vous vraiment que les gens minimiseront la victoire de l’une ou de l’autre? Cela va avec ce que nous traversons. Le contexte n’est pas facile, il a fallu s’adapter. Il y a trois mois, quand on nous a parlé de matchs à huis clos, je me suis dit « oh non, pas ça pendant plusieurs mois ». C’est ce que nous traversons et à l’arrivée, nous trouvons notre compte.

On s’y est habitué, même si c’était dur au début, surtout avec la fausse atmosphère. Maintenant, même nous dans les commentaires avons la mauvaise ambiance dans le casque et cela aide. Au final, les joueurs trouvent également leur compte dans cette reprise du football, même s’ils étaient très réticents. Vous devez essayer de faire votre travail. Et puis j’ai parlé avec pas mal de joueurs de City après l’élimination, et quand on voit leur déception, on se dit qu’ils n’ont pas minimisé leur élimination. Le futur vainqueur sera champion d’Europe, il soulèvera la Coupe et il figurera sur le palmarès.

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Rolande Desroches

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