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« Nous devons trouver un équilibre entre la promotion de l’activité physique et la prévention Covid »

Le Dr Alexandre Feltz plaide pour le maintien de l’accès à l’activité physique en période de Covid. – G. Varela 20 minutes

  • En raison de la progression du Covid-19 sur le territoire, dans plusieurs grandes villes de France, les salles de sport et les gymnases ont dû fermer leurs portes.
  • Le ministre de la Santé Olivier Véran estime qu’il s’agit « d’espaces confinés où le port d’un masque est impossible (…) et qui sont malheureusement des lieux de contamination importante ».
  • Pour le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste et défenseur du sport de prescription, il faut « garantir l’accès à un sport sain pour les populations les plus vulnérables ».

Posez les haltères, laissez tomber le tapis roulant et abaissez le rideau. Face à l’augmentation exponentielle des cas de nouvelle contamination en Covid-19, des salles de sport, déjà durement touchées lors de l’accouchement, ont de nouveau dû fermer dans plusieurs grandes villes, de même que des gymnases. Pour le ministre de la Santé
Olivier Vérancontrairement aux cinémas ou aux théâtres, les salles de sport sont «des espaces confinés où il est impossible de porter un masque (…) et qui sont malheureusement des lieux de contamination importante». Une décision « incompréhensible » pour les patrons de ces clubs, qui
peur pour la survie du secteur et veiller à ce que leurs établissements ne soient pas des points de départ pour les clusters. Un malentendu également partagé par de nombreux médecins prônant le sport de santé, qui plaident pour le maintien de l’accès à l’activité physique pour les malades chroniques et les personnes âgées, pour qui le sport a de nombreuses vertus.

Les sportifs les plus motivés enfileront leurs baskets et iront courir sous la pluie, ou transformeront leur salon en salle de sport privée. Mais pour ceux qui souffrent de maladies chroniques et pratiquent une activité physique à des fins thérapeutiques, comment pouvons-nous continuer? Pour le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste, adjoint au maire de Strasbourg en charge de la santé publique et ardent défenseur de
sports de prescription, il est essentiel de « trouver un équilibre entre la promotion de l’activité physique et la prévention Covid ».

Comprenez-vous la décision du gouvernement de fermer les salles de sport et les gymnases dans les villes en alerte Covid?

Je ne suis pas d’accord avec la politique binaire du gouvernement: on ouvre, ou on ferme, sans réel entre deux adapté. On a fait l’éloge du couple maire / préfet, avec plus de politique locale, mais en réalité, les choses ne se passent pas ainsi. Aujourd’hui, il y a recentralisation des décisions politiques: c’est l’État qui décide. Ces décisions nationales sont liées à un niveau de circulation virale (qui n’est pas trop élevé à Strasbourg pour le moment), mais il y a un équilibre à trouver entre la prévention Covid et promotion de l’activité physique qui est un outil de santé publique.

Aujourd’hui, nous savons que l’épidémie durera encore au moins plusieurs mois. Nous ne sommes plus dans la logique d’un confinement général décrété comme une urgence. Il faut donc adopter des mesures adaptées au contexte, l’objectif étant de rester dans un plateau pas trop élevé pour permettre aux personnes de continuer à vivre tout en maîtrisant le niveau de stress sur les hôpitaux. Pour l’activité physique, c’est pareil. C’est pourquoi je suis co-auteur d’un forum à publier, rédigé par tous les acteurs du sport de santé, pour demander que les personnes atteintes de maladies chroniques soient incluses dans des publics reconnus comme prioritaires dans l’accès aux équipements sportifs. Aujourd’hui, les athlètes de haut niveau peuvent continuer à aller au gymnase. Les patients à qui une activité physique est prescrite avec des médicaments devraient également pouvoir y accéder. Nous rejetons cette perte d’opportunité pour ces publics, qui bien entendu ne devraient pas être en contact avec le virus car ils sont fragiles. Mais en même temps, ils doivent pouvoir continuer à pratiquer leur activité physique, ce qui est bon pour leur santé.

Pourquoi pensez-vous qu’il est crucial de maintenir l’accès à l’activité physique, en particulier pour les malades chroniques et les personnes âgées?

On sait que le confinement a aggravé le mode de vie sédentaire, l’obésité et les maladies métaboliques et cardiovasculaires. Nous savons aussi queau contraire, l’activité physique renforce l’immunité, elle protège contre de nombreuses maladies et virus. Il augmente la capacité respiratoire, est également bénéfique pour la santé mentale et améliore la santé globale des personnes âgées ou souffrant d’obésité ou
maladies métaboliques ou cardiovasculaires. Cependant, ce sont précisément les personnes atteintes de ces pathologies qui sont les plus à risque de développer des formes graves de Covid-19.

Bien entendu, si les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques se protègent en restant à la maison, elles ne contracteront pas la maladie. coronavirus, mais ils développeront des pathologies de la sédentarité, ainsi que des pathologies du lien social. L’activité physique est également le premier médicament efficace contre la dépression légère.

Si nous privons ces populations de l’accès à un sport sain, nous aurons une épidémie de cancer, de diabète, d’obésité ou encore d’hypertension et d’accidents vasculaires cérébraux, dont l’activité physique protège. Prévenir ces épidémies est également un moyen de soulager les hôpitaux débordés par la prise en charge des patients Covid.

Il existe une continuité entre la santé et les soins et entre la prévention et l’intervention thérapeutique, ce qui n’est pas trop pris en compte aujourd’hui. Nous sommes plus dans une politique de sécurité sanitaire seule que dans une action de santé publique globale et responsable.

Comment garantir la pratique d’un sport sain en toute sécurité dans ce contexte d’épidémie de coronavirus?

Déjà pendant l’accouchement et les semaines qui ont suivi, la question s’est posée. Il faut être en prévention, inventer de nouvelles formes d’activité physique, avec moins de monde, moins d’intensité, et avec la meilleure ventilation possible, avec Le masque autant que possible, en respectant toujours les gestes de barrière. En pratique, l’activité physique idéale en période de Covid doit être pratiquée en extérieur: les risques y sont moins importants, car il y a une meilleure ventilation. le
le cyclisme est un sport sain redoutable! Mais la météo de fin d’année est moins propice aux sports de plein air. Nous demandons donc que l’accès aux zones de pratique sportive soit ouvert aux populations les plus vulnérables.

On peut imaginer des créneaux dédiés à ces publics, des gabarits réduits, des espaces aux distances respectées: il faut définir des conditions permettant l’accès, notamment pour les malades chroniques et les personnes âgées, aux lieux d’activité physique.

Ce sont des éléments d’équilibrage à trouver entre les gains que nous aurons en réduisant le nombre d’infections Covid et les pertes que nous aurions en ayant réduit ou presque aucune activité physique. D’où l’importance d’une véritable politique de promotion de l’activité physique en période de Covid.



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Rolande Desroches

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