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La Terre voyage à travers les débris de supernova depuis 33000 ans

De nouvelles détections de fer 60 dans les sédiments marins suggèrent que notre planète voyage depuis 33 000 ans à travers un nuage de gaz et de poussière provenant d’une explosion de supernova.

Alors que la Terre tourne autour du Soleil, notre système solaire dérive également à travers la Voie lactée, tournant tous les 225 à 250 millions d’années. De toute évidence, il en va de même pour les centaines de milliards d’autres étoiles qui composent la Voie lactée.

Cela dit, notre galaxie connaît une explosion d’étoiles tous les cinquante ans environ. Compte tenu de sa taille immense (environ 150000 années-lumière de diamètre), la probabilité qu’une de ces étoiles explose dans notre arrière-cour est très faible. On estime grossièrement qu’une supernova se produit une fois tous les quelques millions d’années à moins de 400 années-lumière du Soleil.

Statistiquement parlant, au cours de sa longue histoire de 4,5 milliards d’années, la Terre a donc «flirté» avec plusieurs supernovas.

À l’intérieur de la bulle

Ces événements ont ensuite façonné le paysage galactique traversé par notre planète. En effet, si le «vide interstellaire» nous paraît invisible, il consiste en fait gaz et poussières dont les particules sont incroyablement diffuses.

Malgré tout, on peut mesurer la variation de densité de ces particules dans le milieu interstellaire. En gros, il suffit de prendre deux étoiles censées avoir une luminosité similaire. Si l’un d’eux apparaît plus sombre que l’autre, alors on peut en déduire qu’il est vu à travers un voile plus épais de gaz de poussière qui absorbe une partie de sa lumière. Cet événement s’appelle « suppression de la poussière«.

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En observant les étoiles les plus proches de la Terre, les astronomes ont observé plusieurs de ces «extinctions de poussière». En les quadrillant, on peut alors tracer les limites d’un énorme nuage de gaz et de poussières légèrement plus dense que le milieu interstellaire local (0,3 contre 0,05 atome par centimètre cube) mesurant environ trente années-lumière de large sur quarante années-lumière de long. Et surprise: nous sommes à l’intérieur.

Le mouvement du Soleil dans le nuage interstellaire local. Selon les astronomes, nous devrions sortir dans un peu moins de 10 000 ans. Crédit: NASA

Des traces visibles sur notre planète

Il y a des millions d’années, d’anciennes bactéries vivant au fond de l’océan ont collecté des particules de fer qu’elles ont transformées et utilisées pour s’aligner avec le champ magnétique terrestre. Certains de ces micro-organismes sont alors tombé sur le fer 60, un isotope radioactif du fer créé dans les supernovas.

Grâce à l’analyse des restes fossilisés de ces bactéries, on sait que certains utilisaient du fer 60 il y a environ 6 millions d’années, puis il y a entre 1,7 et 3,3 millions d’années. Cela montre donc que la Terre a été «saupoudrée» des restes de supernovas pendant ces périodes.

De plus, il semble que ce soit encore le cas aujourd’hui. En fait, des physiciens de l’Université nationale australienne ont récemment isolé quelques atomes de cet isotope de fer déposés dans les sédiments marins depuis environ 33000 ans. L’année dernière un étude publiée avait également observé la présence de fer 60 dans les neiges de l’Antarctique. Et cet isotope, pourrions-nous lire, aurait atterri sur Terre au cours des vingt dernières années.

En d’autres termes, depuis au moins 33 000 ans, il semblerait que notre planète ait voyagé à travers les «cendres» d’une supernova.

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Une origine incertaine

L’origine de ces débris n’est pas tout à fait claire, mais il pourrait provenir d’un groupe d’étoiles appelé l’Association Scorpion-Centaure (Sco-Cen), positionné à 400 années-lumière de la Terre. Leurs plus grands représentants sont des étoiles de classe O et B. Beaucoup plus massifs que le Soleil, ces objets ont une durée de vie très courte (seulement quelques millions d’années) avant d’exploser en supernova.

Nous savons également de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a publié en 1997 l’un des premiers catalogues complets de positions et de mouvements d’étoiles dans notre galaxie, que notre système était plus proche de Sco-Cen il y a 5-7 millions d’années. Ainsi, on pourrait imaginer que plusieurs supernovas de ce groupe d’étoiles sont à l’origine des nuages ​​interstellaires qui nous enveloppent régulièrement.

Alveré Paquet

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